mercredi 2 juillet 2008

Rocking with Bachir

Bon, ben c’est les vacances, personne ne lit alors je me permets de faire ma petite minute ciné club. Attention… C’est parti !

Je vous conseille vivement de courir aller voir « Valse avec Bachir », un magnifique film d’animation israélien réalisé par Ari Folman. Co-produite par Arte, signe habituel de qualité.
Une plongée dans ses souvenirs et ceux de ses camarades déjà presque oubliés.Oubli dont la cause n’est pas une mémoire défaillante, mais bien un principe de protection mental naturel, chargé de faire oublier les traumatismes subis durant la guerre du Liban.

Le fait d’avoir choisi un procédé d’animation ne retire rien à la fore de ce poignant récit et est parfait pour illustrer les instants d’onirisme et la poésie, les souvenirs passés dans toute leur candeur, et la fantaisie fantastique entretenue dans les rêves du héros.

Le tour de force est de le faire sans passer sous silence, ni réduire la portée des milliers de drames humain vécus lors de chaque guerre, quel que soit leur camp.

On donnera une mention spéciale à une excellente bande originale, composée de créations dédiées, de très belle musique classique et bien sur de bon vieux rock, comme pas exemple la présence de « This is not a Love Song » du grand groupe des 80 Public Image Limited.

On aura aussi la joie de déguster du rock israélien local (en hébreu dans le texte!) avec le morceau « Beirut » (dont le clip est proprement in-croy-able), calqué sur le titre du groupe Cake « I Bombed Korea Every Night » par le vieux rocker en colère Zeev Tene bien connu pour ses dénonciations et provocations volontaires assez réjouissantes. On se souvient de « Germans » où il dénonçait la manière de ce comporter avec ses voisins directs.

C’est sûr que grandir dans un pays entouré d’ennemis qui jurent depuis 50 ans de vous détruire et de faire un service militaire de 2 ans à surveiller un checkpoint Cisjordanien en attendant q’une camionnette kamikaze ne s’amène pour vous faire péter ça doit rendre assez rock tout de même.
Remarquez que vivre au chômage dans un camp de réfugié, derrière un mur de béton de 5 mètres de haut avec des coupures d’eau et d’électricité toutes les heures et avoir sa baraque détruite par des bulldozers pour un oui ou pour un non ça doit faire le même effet.

De toute manière je suis bien top malin pour choisir un camp, vous viendrez me voir quand vous serez calmés.

Regardez nous avec les allemands, on a passé un siècle à se foutre sur la gueule (deux putains de guerres mondiales format big size, tout le menu avec effet XL comme on dit que Quick, excusez du peu les mecs) et maintenant on est les meilleurs copains du monde.

Hey Rock & Folk, il faut le chercher au moyen orient, être rock en 2008.

Quand en France, dans le courrier des lecteurs ont peut lire des trucs du genre « être rock en 2008 c’est se balader torse nu sous la pluie pour retrouver son amoureuse, porter un perfecto, rouler en vespa custom avec un sticker « BB Brunes » ou ne pas porter de basket Adidas… ».

Imaginez le Rock & Folk édition israélo-palestinienne:

« Cher R&F, être rock en 2008 c’est continuer à faire la danse kung fu de Ian Curtis quand une roquette artisanale du Hezbollah tombe dans ma cuisine ».

Moshe, Sdérot

« Cher R&F, être rock en 2008 c’est accueillir pendant un raid de nuit les chars de Tsahal au son de Problems, chanté par les Sex pistols, toutes bafles dehors ».

Youssef, Jénine

« Cher R&F, être rock en 2008 c’est de tirer sur les snipers pro syriens en écoutant Guns on The Roof, du Clash »

Bachir, Beyrouth

Etc…ça changera de ces tarlouzes qui se la pètent.

Enfin, toutes ces digressions pour dire que ça fait chier à la fin quoi.Mais le film vaut vraiment le coup. Allez, au lit maintenant, sans se baguarrer.

2 commentaires:

Arnaud a dit…

énorme billet que celui-ci . J'ai aussi vu "valse avec Bachir" et ton point de vue est très sympas. Etant donné que je suis très pointilleux, je dirais que parfois l'animation merdouille un peu... mais que le concept est tout simplement génial. Le fait de faire un docu' fiction en dessin animé relève en même temps d'un défi technique, d'un solution pour facilement faire parler les témoins et surtout d'insuffler une créativité dans ce "genre" qui est parfois très plan-plan.

Bref un très bon film que ce Bachir. Je dirais même qu'il attend des petits sommets de bonitude alors que Bbrunes et la scènes bourgeoise "rock" parisienne atteignent les sommets des profondeurs si ce n'est redéfinir même les profondeurs.

Unknown a dit…

billet bien sympathique, et surtout assez léger, vu les foudres que ce film génial s'est attiré, en plus de toute parts (l'article de gidéon levy dans haaretz me laisse assez perplexe d'ailleurs).
une mention spéciale pour la musique, qui laisse véritablement sans voix.
attention tout de même à ceux qui voudrait s'acheter la b.o.: elle ne comporte ni la chanson "beirut", ni "good morning lebanon" (la chanson folk qui accompagne la scène de balade printanière dans la campagne libanaise en tank), et encore moins "incubator" (de the clique).
on les trouve néanmoins sur youtube, entres autres.
powano: je peine à voir où l'animation merdouille (mais je suis très bon public). pour ma culture: quelques exemples?