samedi 31 décembre 2011

Nicolas, 24 , UNDER-PAID UNDER-SEXED AND UNDER COMPLETE CONTROL

Alors, on me croyait mort hein? Huits longs mois d’absence, ça semble encore plus long quand on l’écrit. Dégagé, terminé, liquidé le vieux Nico. Vous me pensiez vidé, fini, agrippé au comptoir d’un tripot de Pukhet, loin de tout ce bordel. Une fesse rebondie de travelot sous la main, à essuyer mon propre vomi sur mes derniers baths. Le tout sous l’œil incrédule de sa majesté Bhumibol Adulyadej, roi de Thailande, ni plus, ni moins.
Ou peut-être même encore pire : parti bloguer ailleurs, sans un mot, sans un au-revoir convenable, sans un adieu humide et rétrospectivement gênant. Parti comme il était venu le connard, une main devant, une main derrière, avec ses phrases malignes et ses simagrées, de toute façon, ce pauvre type ne trompait personne.
Et bien détrompez-vous, c’est bien connu, les meilleurs partent les premiers et les tâches restent. Elles s’agrippent, elles s’accrochent. Même après huit mois d’apnée, la houle les rejette des bouches d’égout, et elles finissent toujours par échouer sur vos godasses. Surprised to see me?

Ce genre de personnages méprisable va vous sortir avec aplomb une phrase coquette, joliment tournée pour vous demander pardon. Pour vous dire qu’ils sont désolés, qu’ils ne voulaient pas, que la vie est une chienne et que chaque seconde sans vous a été un déchirement. Autant vous dire que je compte, vous épargner ces salamalecs.

D’ailleurs, tout ce temps j’ai fait des trucs, mais qui n’ont intéressé que moi et ma petite personne, négligeant par la même occasion vous, mes fidèles lecteurs et bons amis de l’internet.
J’ai essayé de gagner ma croûte, essayé de sortir mon pays de l’ornière économique (avec le succès que l’on connait).
J’ai appris très peu de choses utiles et belles ces derniers temps à vrai dire. J’ai juste lu Nimier et Blondin assez pour que leur talent et leur panache me foutent les glandes. Pour que leurs phrases à la fois si belles et si sèches vous laissent étourdi comme la balle qui vous loupe. Interdit et la main sur la tempe, tiède de sang, essayant benoitement de comprendre (je pense que c’est aussi le genre de truc que doivent ressentir les emos et les psychotiques au quotidien). Oui, vous l’avez compris, ce sera cela mon projet, la coller à ces cadavres, leur prouver que les vivants peuvent être aussi bons qu’eux et que de parler de disque est un alibi aussi légitime que celui de parler vélo.

Mais s’il vous plait, parlons de vous dans tout ça. C’est con, mais je ne pouvais pas vous laisser tomber. Je me devais de rester votre fidèle et loyal compagnon, le chroniqueur zélé, sincère et maladroit de cette époque fantastique. Après une année 2011 chargée, riche en catastrophes naturelles, révolutions et cataclysmes nucléaires, je me devais, d’être à vos côté, le regard trouble et la bouteille de Whisky déformant mes poches de veste.
La  récession nous chatouillant nos orteils de petits bourgeois bien nourris, des bêtises restent à dire.  Cela tombe bien, un album attend sa review et je ne pouvais pas vous la balancer comme ça, à sec, comme un viol de prison. Il me fallait une petite remise en jambe après cette inactivité et cet article proprement inutile est parfait.

Non, en fait il ne sera pas si inutile que ça, car j’en profite pour vous souhaiter une bone année 2012, en tout cas meilleure que 2011.
On  attaquera cette année comme on a commencé la dernière, le flingue sur la tempe, le doigt sur la gachette, mais ensemble, et ça, ça change tout. A très vite.

samedi 7 mai 2011

Driving lesson

Nico, don’t you know how to drive ?
No, I don’t. Why? Because I fucking hate cars, I fucking hate traffic lights, I fucking hate crossroads, I fucking hate clutches, I fucking hate roundabouts, I fucking hate road signs, I fucking hate gas stations, I fucking hate highways, I fucking hate patronizing driving teachers, I fucking hate “pschtt pschtt cleanin’up my windshield with a sip of spray cos’ ya can’t see folks driving your way cos’ ya have dead insects or bird poop on ya windshield ya”, I fucking hate dickheads drivers that cut roads and don’t give a shit about it, basically negating your right to live as a human being.


That is the problem. The road is not made for humans to live decently. It’s for cars. Period.
The road is basically made for douchebags fighting over the size of their dick in epic duels of morroness and brutal stupidity. 
They don’t give a fuck about who you are, about what you do, they’re just slapping in your learner face the big fat cock of injustice in a tired honking sound of excitement and cruelty. 
I’m not usually scared of people when I walk in the streets, because actually, you have a very small risk of actually DYING when bumping into someone. 
It’s not the same when you’re driving because basically any idiot who don’t even know how to read can kill you, and it will be his fault. And you, well you’ll be sorry, because you’ll be dead.


The teacher is not your friend.
I used to like my driving teachers because I admired their raw exhalation of mannish virility. You know this complex mix of coffee and cigarette breath, this little twinge of old sweat when it’s hot outside, the stains of diesel on their shoes… 
I respected their not-giving a fuck attitude with girls, whistling at skirts and following asses like if it was the brand new Maseratti Quattoporte (“Oh what, you didn’t see it yet? how gay you must be son?”). 
The reason I’m also slowly starting to hate them is how they see everything as a big deal. 
For instance when you pull your car over to park : “What ?!? You didn’t double checked the dead angle when you were parking your car in this lousy abandoned by all parking lot? You must be retarded!”
 To them, everything is a matter of one-second-do-it-or-not-or-die-like-a-fucking-loser-situation and never let you go with it. You’re just trying to do your job at the driving wheel as well as you can and it’s not enough. 
You’re an upstanding citizen working hard and contributing to society as a whole and they treat you like shit. 
Don’t forget that in the meantime, you have in mind the sorry ass example of your relatives, family and friends driving stoned to death or passably drunk, something that you’ll never do because you’re a caring and decent well educated person.  
I could list you a whole bunch of other examples when this guy sitting lazily at your right wants you to behave like fucking Robocop and each time you don’t makes you feel deeply sorry about it.


Mental Mayhem.
Word after word, mistake after mistake the anger grows slowly when watching this swarm of tall four graders fucking around with your nerves. 
Your primal hate grows and goes away in mental spurts that you try to hide in the back of your mind (when concentrating on which way to go on this damn twisted road, designed by a sick bastard that was a local because everybody knows here that you have to go right-right-left, watch the double traffic lights arrows and make a pause on a white line as thin as my ball's skin and wait a little while because otherwise, a train can slice the car in two. And then turn left. It’s as simple as that). 


And the guy goes “Open your eyes! Are your sleeping or what?”


And you’re like “I’ve got my eyes wide opened you fucker, see that truck coming?”


*HORN SOUND/FLASH/THUNDER/RAGGED NOISE OF TORN METAL AND TWISTED PLASTIC/BLACKOUT*


Stunning quiet. Yes. You’re better off dead.

dimanche 20 mars 2011

Finding the last man standing

Alors comme ça 2011 sera donc l’année de la vérité, celle des braves. Celle où l’on fait le tri. Celle où l’on gardera le minimum vital. Ce sera Europe 1 sans cette burne de Fogiel. Ce sera Dior sans John Galliano reparti planter des bégonias en désintox. Ce sera le Japon sans âme qui vive, quand le dernier samouraï ravalera sa thyroïde comme un gros sashimi au plutonium encore frétillant. Plus de patrie du jeu vidéo. Disparue tel un mirage sublime englouti dans une grande faille au radium. Comme si la terre toute entière nous disait d’aller nous faire voir en détruisant le pays de Ken le survivant. Si ce dernier n’était pas Ken, alors qui ?
 Qui seraient les derniers malades assez fous pour faire un dernier bras d’honneur à tous les éléments. Qui resterait comme Khadafi le doigt sur la gâchette de son flingue plaqué or et le nez dans le saladier de coke jusqu'à ce que la grande déferlante salée du destin lui lèche les orteils ? J’ai cherché dans ma collection d’album et la réponse était simple.
Elle me provoquait sur la pile de CDs par le biais d’un chiotte tout droit sorti d’un boui-boui de la nouvelles Orléans. Qui pouvait se sortir vivant de là à part des démons clochards vibrionnant. Ces enfoirés de Stones, déjà cramés dix fois, des blagues vivantes, des running gags humains pas mécontents d’être là.

La chose était sure : ces enfoirés de Stones seraient là jusqu’à la fin des temps, jusqu’à la chute finale dans la grande étendue d’eau. Le déluge. La fin biblique par excellence qu’allait rencontrer Brian Jones dans une cinquantaine de mètres cubes d’eau chlorée peu après l’enregistrement laborieux de cet album. Le petit bain avant le grand, avec bagnoles flottantes et bateaux en flammes de rigueur. Oui c’est sur, ça, se serait une fin stonienne. Et le dernier Jukebox jouera les dernières mesures de Beggar’s Banquet échoué sur le grand toit métallique du Auchan de Fontenay sous Bois. Pourtant tout le monde savait que c’étaient eux les démons, ils l’avaient même clamé. « Simpathy for the Devil » Où l’on marche sur les traces de la bande des connards favoris de Satan sur une ligne de tambours africains, et de congas agrémentés de pianos. 
On imagine très bien cet enfoiré de Mick, trahissant Jesus, traversant les steppes sèches de Russie, accoudé sur le blindage brulant d’un panzer, flinguant les Kennedys les uns après les autres. Ces chœurs de Woo hoo légers et provocants ponctués de quelques échardes de riff le savaient et se moquaient de leurs victimes passées et à venir. « I’ve got No Expectations » prend le revers du problème avec philosophie. 
Le Bottleneck trainant prend d’ores et déjà la mesure de la chute. Rien ne vaut le coup, la beauté, l’amour et l’honnêteté sont des valeurs bien trop complexes et trop humaines. Il faut s’en débarrasser, car dans une situation difficile, elles ne vous  servent à rien. Alors, autant se dire au revoir tout de suite. 
A ces maux déchirants, un seul et unique remède est possible, c’est celui long et trainant du Blues du sud. Celui des histoires tristes à mourir et implorant le bon docteur, censé soigner à coup de bistouris un cœur mariné dans un bocal de bourbon. 
L’appel au secours en question était « Dear Doctor ». 
Le registre de l’harmonica trainant et du blues rauque continue avec « Parachute woman » restant dans le registre du rock du sud le plus classique. Il faudra attendre « Jig-Saw Puzzle » pour revoir le groupe ressortir de la dépression et se contenter de plus que quelques saillies improvisées de Keith Richards. La batterie se raffermie, le bottleneck arrive, enroué de quelques bruits blancs. La basse souple rebondie pour encadrée cette histoire de paumé absolu, le petit Mick Jagger semblant planer sur la chanson, comme un macaque autiste tentant désespérément de singer le Rubik’s cube Dylanien avec ses pieds. En témoignent ces quelques paroles :

“There's a tramp sittin' on my doorstep, Tryin' to waste his time; With his methylated sandwich, He's a walking clothesline; And here comes the bishop's daughter, On the other side; She looks a trifle jealous, She's been an outcast all her life”

Le moment venu est venu de pousser un cocorico avec une chanson directement inspirée aux Stones par note Danny Cohn Bendit national. « Street Fighting Man » a été en effet inspirée par les évènements de Mai 68 par un Mick Jagger littéralement sidéré par le spectacle de rue vivant livré par la  police anti émeutes et des étudiant se coursant à tour de rôle dans le quartier latin. 
En a résulté cette grande chanson, agressant l’auditeur avec une attaque de guitare distordue digne d’un pavé volant s’écrasant sur le coin de votre tronche. Le rythme martial de la batterie rappelle lui les bâtons en caoutchouc battant sur les boucliers des flics quelques minutes avant le choc. 
La piste suivante « Prodigal Son » est elle tout à fait logique, voire banale, très basse, se contentant de singer, (certes, une fois de plus me direz vous) le vieux blues du Delta. « Stray Cat Blues » remet quand à elle au centre du disque un élément clef de la grande mythologie stonienne : celle des groupies dévouées corps et âme à leur super groupe de bad boys. De vraies chattes sauvages hurlantes, griffant allègrement le dos du petit Mick, pauvre petite souris à bouclette avides de stupre et de luxure, perdue entre les pattes de ces panthères au charme félin.

On quitte ensuite le territoire de la chambre à coucher, pour celui de l’usine. Une chanson ou peuvent s’exprimer les percussions indiennes et africaines de Charlie Watts qui s’ennuyait alors à mourir derrière les futs et teste toutes les choses possibles. Sont ajoutés au mix violons européens et harpe chinoise bizarre. « Factory Girl » est une sorte de gigue dédiée au melting pot musical post moderne (nous sommes alors en 1968, ne l’oublions pas, l’année de toutes les utopies). 
Cependant, avouons –le, cet album grandiose ne pouvait pas se terminer de la sorte. La copie acharnée et bâclée du style country-bluegrass livré tout au long de l’album aurait été incomplète sans une grande chanson chorale. Le forfait complet, avec breaks de batterie prévisible à deux cent miles à vol d’oiseau, piano de saloon, chœurs féminins ponctués par des gimmicks de guitares.
Ce monument sera dédié aux foules laborieuses, simples, silencieuses et discrètes, aux paysans et autres pouilleux du bayou, à la peau recouverte de tiques et au front perlant de sueur et tanné par le soleil, le sel de la terre (« Salt Of the Earth ») selon la Bible et Hattie Howard. Les mortels, les autres, les humains, les simples, ceux qui ont gagné leur place au paradis, pour les bonnes et les mauvaises raisons. Je leur dédie humblement ce 100eme billet.

dimanche 13 février 2011

Walk like an Egyptian

Bon, alors ça y est. Les copains égyptiens ont fait le boulot. Well done guys. Vous nous avez donné au monde une leçon ainsi qu'un bon spectacle bien rock and roll.  Tout ceci avec la mythologie révolutionnaire qui va avec : grosses bastons, caillassages en règle des fourgonnettes blindées, volutes épaisses de lacrymogènes, concours de T shirts mouillés avec des véhicules lance à eau, F-16 en rase mottes, cocktails Molotov, foule debout sur les bagnoles, V de la victoire derrière les barricades, scènes de liesses de grandes grappes humaines agrippées aux T 84 aux teintes de scarabées des sables.

On aura même vu des fleurs et des bougies à la con, style révolution de velours. On a même eu le droit à du hardcore rioting couleur locale avec des agitateurs à dos de chameau, fonçant dans la foule à coups de bâton, ambiance bataille des pyramides.
Il ne manquait que les fiers mamelouks et leurs cimeterres. 
Je ne vous cache pas non plus que (cerise sur le gâteau) les journalistes et autres observateurs sont tombés à cours de noms de fleurs à la con à donner à ce grand soulèvement populaire. Ce qui ne gâche rien à la fête.
Du grand spectacle les mecs, bravo à vous. C’est votre instant, profitez en bien, vous avez bien mérité ces quelques trop rares instant de joie et d’espérance, d’enthousiasme collectif aussi pur qu'irraisonné.

Que notre cher lecteur prenne ces biens modestes écrits avec recul et dérision. Point de condescendance de ma part, ni de réjouissances fraternelles à peu de frais. Pour quelles raisons me direz-vous ?

Premièrement parce que n’est pas Bernard Henri Levy qui veut et deuxièmement, l’auteur de ces mots est bien conscient que la seule scène de liesse populaire qu'il a réellement vécu à été par un soir chaud de juillet 1998 la victoire de la France pendant la coupe du monde de football. Une expérience qui permet un certain relativisme, vous en conviendrez.

Dévorez donc ce moment mes amis. Rêvez un peu avant de vous faire claquer le beignet ou de vous faire ôter le baklava de la bouche par le premier militaire de passage ou le premier frère musulman revenu de son exil. Ne laissez personne vous ôter ces instants merveilleux, gardez ces morceaux de béton agglomérés tachés de sang. 
Vous les revendrez à prix d’or aux touristes gras et écarlates, abrutis par le soleil, beats d’admiration, vous demanderont comment c’était, le sourire en coin et la lèvre tombante, l’œil avide. 
Et ce vendeur de souvenirs racontera encore et encore son histoire. Les rideaux des commerces tirés, les rumeurs, les grandes bousculades et l’odeur rance de la sueur, celle métallique du sang dans la bouche. Tous ces détails qui font les petites et les grandes histoires sont fugaces et précieux. Je vous laisserais donc en compagnie de mots bien plus importants que les miens, ceux du romancier Pierre Clostermann, quelqu’un qui a connu le combat, la peur et l’oubli des choses:

 « Le grand cirque est parti. Le public a été satisfait. Le programme était assez chargé, les acteurs pas trop mauvais, et les lions ont dévoré le dompteur.

On en reparlera en famille quelques jours encore.
Et même quand tout sera oublié - la fanfare, le feu d’artifice et les beaux uniformes -, sur la place du village subsistera encore l’auréole de sciure de la piste et les trous des piquets.
La pluie et l’oubli en effaceront vite les traces. »


Bonne soirée à tous.