dimanche 13 décembre 2009

De l’art d’être un douchebag


Je suis profondément désolé, mais je quitte quelques instant (comme très souvent) le giron du rock bête et méchant. Nous allons feuilleter ensemble quelques de ces pages HTML poisseuses pour nous rendre directement au rayon « art de vivre »

De nombreuses expressions d’origine nord américaine s’insinuent peu à peu dans nos habitudes culturelles et linguistiques.

Si beaucoup tiennent du milieu professionnel


« Hé Gerard, tu nous fait un reporting du ranking asap concernant le mapping, grouille, enfin, je dis ça, c’est juste pour être corporate… »


Vous remarquerez bien sur que les plus fervents adeptes de ce type de langage ont un niveau d'anglais atrocement en bas.L'acculturation américaine est bien plus intéressante et instructive quand on récupère celui de la rue.

Qu’elles aient battu le huileux macadam new yorkais ou l’aride bitume de Sacramento. Car elles se chargent, au fur et à mesure de leur évolution et de leur développement de significations simples, aussi imagées que croustillantes.


Une des plus merveilleuses est un terme péjoratif, décrivant les beaufs stupides, imbus d’eux même et fiers de l’être. Ce terme est celui de « douchebag », un terme hérité du vocabulaire médical. Décrivant un objet assez spécial, aux usages plus que scabreux.

En bref, le douchebag est un gentil blaireau imbu de lui même, cultivant un style vestimentaire profondément affirmé et revendiqué, ainsi qu’un style de vie communautaire et grégaire.

Leur terrain d’action et d’expression privilégié étant celui des soirées.

Ces aventuriers de la nuit s’adonnent lors de celles ci à leurs activités favorites. C'est-à-dire : la consommation de grosses quantités d’alcool (souvent à l’occasion de jeux à boire régressifs), la démonstration de virilité sans retenue, la blague grasse et stupide et bien sur la drague intensive des filles les plus aguicheuses et légèrement habillées de la soirée.

Et bien, mes amis, c’est ici un plaidoyer, que dis-je, un cri d’alarme lancé dans les limbes du web. Vous allez me demander pourquoi. Et je vais vous répondre.


Que cela vous plaise ou non, les douchebags sont les derniers hommes libres de notre temps.

Dans un monde bridé par les conventions sociales et les certitudes entendues, ces garçons là sont les derniers tenants de la liberté, des poètes du quotidien et des adeptes forcenés du décalage. Aux même titre que les surréalistes, ils traduisent par leurs actes un certain de degré de liberté et d’indépendance.

Le fait d'effectuer des actes réprimés par les conventions éthiques et morales collectives constitue une véritable révolte en soi.

Celle de l’indépendance et de l’insolence, aussi idiote et stupide qu’elle soit. On rejoint ici la première étincelle primaire et sublime dans la prunelle du sans culotte de 1789.

Cette étincelle immédiate et irréfléchie, celle dont ont fait les plus grandes révoltes et les plus grands mouvements.

Sans le relais de ces braves douches, thuriféraires et gardiens sacrés de cette furia irraisonné, celle dont on peut faire émerger (à condition de la maitriser au bout d’un moment) les plus grandes choses.

Croyez-moi, sans cette dernière, Diderot, Voltaire, Rousseau, Danton, Robespierre et consorts ne seraient pas allé bien loin.

Alors certes, leur révolte quotidienne, involontaire, vaine, dérisoire, emprisonnée dans certains contextes et périodes fixes, très strictement limités dans l’espace et le temps.

Les douchebags ne sont pas des Che Guevara sponsorisés par des marques de gel douche.

Disons le, ils sont même atrocement con.


Mais...


Mais...


La prochaine fois qu’en soirée, vous les croiserez, bien sûr moquez vous d’eux, bien sûr soyez outrés par leur attitude, bien sûr, considérez les de manière hautaine, mais faites le comme vous le feriez d’un attachant ancêtre cro magnon.

Un ancêtre, qui après quelques verres d’alcool nous ramène à nous même et à nos contradictions.

Un reste d'animal politique merveilleux, sociable, fort, et fier de l'être. Chérissez les comme des briques de Lego, celle dont on bâtit les plus beaux édifices


Oui mes amis, renier le douchebag, c’est renier une partie (plus ou moins importante) de nous même. Que vous le vouliez ou non.


Et mesdames, vous pourrez même lui faire un petit bisou, il sera tellement content.


Si vous voulez en savoir plus, voici une mine d'info sur les douchebags du monde entier.


Aller, je retourne écouter quelques bon albums de rock pour vous en parler ensuite.


PS: Je sais que j'ai un probèle de CSS, je bosse dessus, merci.