vendredi 21 novembre 2008

Le rock français sur boite vocale

Voilà, ce qui a tilté, un de ces quatre matin, tandis que je feuilletais mon catalogue Fnac la mine déconfite et les yeux collés.
Une image m'a interpellé, celle d'un live de Luke, parmi le flot des têtes de gondole de noël. Cette tout fraîche pousse mérite qu'on s'attarde quand même un peu plus à la racine, qui en est tout bêtement, Téléphone, groupe français (qui a dit franchouillard ?) resté dans la mémoire comme "meilleur groupe français de tous les temps".
Honnêtement, cette pochette très similaire est-elle un pur hasard?.
Le côté subjectif de la formule ne doit pas vous troubler, on peut partir de bases un peu plus tangibles pour expliquer le phénoménal succès du groupe.

La première et la plus facile à définir est la maitrise technique des membres du groupe, Louis Bertignac est le premier guitar hero français, on peut en juger de ses solos interminables, ses séances de taping intensives et ses suites mélodiques léchées.
Il faut préciser, qu'ayant baigné dès sa plus tendre enfance avec BB King, Led Zeppelin, Jimi Hendrix, les Beatles et surtout, les Stones, il a été le premier guitariste français à exterioriser ses multiples influences anglo saxonnes, un peu à la manière d'un Michel Polnareff rock. Parsemant le tout d'échardes de blues et de saillies hard.
Richard Kolinka, imprime lui une énergie explosive jamais vu en France depuis les roulés boulés scéniques de Johnny Hallyday.

Une des bases est aussi purement conjoncturelle: Téléphone arrive à un bon moment.
Avant l'apparition et surtout médiatisation du mouvement Punk en France. Pile au moment où, suite au choc pétrolier de 74, la France connaît de premiers déboire économiques, rompant avec l'époque bénie des 30 glorieuses.
Ce terreau social fertile va donner une résonance particulière à un groupe un peu plus énervé, plus proche des réalités françaises que les super groupes anglo saxons qui parcouraient les stades du monde, sans en voir grand chose d'autre.
C'est dans cette mesure que le songwriting original du jeune Jean Louis Aubert va être déterminant.
De plus, le téléchargement ne ravage pas encore les ventes et les charts, les débouchés économiques du temps du vinyle sont toujours là.

Bref, la chose est là, écrasante et incontournable, à la fois rebelle et consensuelle, confidentielle et marketing, douce (tube FM) et amère (écoutez le solo de fin), c'est dans cette matière confortable et visqueuse qu'on grandi tous les groupes français actuels, qui comme Luke, Noir Désir & Co.
Ces derniers on complètement intériorisé ce style qui demeure actuellement la norme, celle qui a renversé les yéyés et survécu à la scène hard et heavy metal.

Ce rock français, autant décrié, taxé d'intellectualisme, de pleurnicherie gratuite, de manque d'ambition, et de sectarisme bourgeois compliqué. Cet objet de causeries et débats interminables porte en lui son problème.
Depuis Téléphone (traumatisme mainstream fondateur), mêlant habilement critiques sociales et politiques, hymnes à la joie et à la vie, il n'as pas su évoluer à la manière de ses cousins anglais et américain.
Le niveau, plutôt faible de la new wave, pendant du rock dans les années 80 (effets électroniques et autres déboires embarrassants, clavier et saxophone etc...) en est la preuve.
Le rock français n'est donc pas mort, il est dans le coma. Vous en doutez encore? Les shootings du prochain album d'Indochine (sortie en Mars prochain) vous feront surement penser à ça.

Qui sort la piqure d'adré ?


ERRATUM: Sorry faithfull english readers for this franco french text. One of you kind readers brought to my attention the fact that "The Thrill Is Gone" is an American all time standard.
He was right, sorry for screwing up (enjoy it people, it is my UN style, I don't use is very often).

1 commentaire:

Sylvain a dit…

Oui, on est d'accord.