vendredi 6 juin 2008

Le des(s)ert culturel ou pourquoi tirer son coup avec une tecktonik ?

J’en ai marre. Non. Nous en avons marre. Ou vous devriez en avoir marre. De toutes les sornettes et inepties que l’on raconte à la radio, à la télé, dans les journaux, même parfois dans ces colonnes.

Des mannequins chantent leurs t-shirts préférés, des stars télé écrivent des livres (souvent leurs biographies), des culs de jatte dansent chez Sébastien.

Bordel, quelque chose ne va pas dans ce monde pourri, la culture se meurt, noyée dans un ennui abyssal qu’elle a elle même provoqué.

Un ennui de salle d’attente- linoléum, miteuse, stérile et morne, personne à qui parler, même pas un tabloïd sur la table basse.
Juste une brochure cartonnée grasse et crasseuse sur l’hygiène bucco dentaire avec des coupes dégueulasses. Rien d’ intéressant.

Cette époque est merdique, à l’ombre d’Internet et des frontières abattues. Je n’ai vécu aucune autre époque, certes, mais je fais un bilan historique rapide :

50s : hot rods, drive in & rock’n’roll music
60s : rock and roll, mods, firsts supergroups
70s : last supergroups, punk revolution
80s : new wave, noise, lo fi, rap
90s: grunge, rap
00s : metal…boys ands, techno

La chose parle d’elle même, cet appauvrissement est vérifié, et si vous avez des suggestions positives à faire pour compléter la catégories des 00s, n’hésitez pas.
Je n’accepterais pas les catégories nouvelle chanson française et ska festif politisé.
Si vous optez pour electro et pop, veuillez préciser dans le courriel les références.

Ce constat est triste, si vous voulez vivre à deux mille à l’heure, avec un travail à coté, il ne vous reste que le jazz et la musique classique.
Mais ça, tout le monde le sait, c’est bon pour les vieux.
Si vous êtes jeunes, il ne vous reste plus qu’à aller traîner au Métropolis et danser la teckonik®, oui, car évidemment, maintenant, les gens normaux ne dansent plus sur de la musique (ou ce qui y ressemble), mais sur des marques déposées.

Créee dans des bureaux de style d’entreprise, marquetée et conditionnée pour que la substantifique moelle y soit gobée, les yeux fermés par une bande de gosse qui n’y peuvent rien. Oui, car nous sommes des pauvres gens sociaux, qui ont peur de l’absence des autres, alors on se retrouve dans des bars et sur des dancefloors débiles pour s’efforcer à croire qu’on est en vie.

« Quand j’étais né, j’étais déjà mort » a écrit Chateaubriand, et bien là mes amis, que vous le vouliez ou non, c’est pareil.

Notre coefficient de fun a atteint celui d’un aristocrate normand mystique du XIX eme siècle.

Donc, allons y, décorons nos chambres de néons fluos et de papiers d’aluminiums.
Dansons nous aussi sur une marque de divertissement auditive (ah oui, c’est comme ça que l’on appelle la musique maintenant, par exemple Rock®, déposé bientôt par AOL Time-Warner).
On dansera à en crever sur de la teckonik®, comme dans « On achève bien les chevaux », pendant des heures jusqu’à épuisement pour gagner un t-shirt ou un CD de compilation.

Les meilleurs et les plus chanceux d’entre nous pourront sortir avec une déesse teckonik® résidente au Spoutnik, la boîte de nuit n°1 de la région de St Omer.
Vous pourriez éventuellement tirer votre coup à la sauvette dans sa chambre à l’étage, en montant la musique pour ne pas que ses parents ne vous entendent.
Avant de recommencer, encore, le lendemain matin lundi chez votre employeur, une grosse coiffeuse de Douai conne à mourir.

Oups, mais attendez, le futur c’est maintenant.

PS: l'image n'est pas une poussée scatophile aiguë de ma part mais bel et bien un gâteau au chocolat que votre serviteur a mangé dans un boui-boui de St Petersbourg. Véridique.

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