vendredi 23 novembre 2007

Le bon coté des choses

Oh qu’il est dur, de rentrer fourbu après une journée de dur labeur et de s’adonner à l’exercice épistolaire musical comme si de rien n’était.
Non, il faut que je vous parle d’autre chose, de mon poste d’observateur averti des réalités contemporaines, tout comme vous.
Vous parler de choses véridiques, bien moins fantasmée que la musique mais tout aussi subjectives.

Ce pourrait être le sujet de thèse d’un étudiant en psychologie ou en anthropologie humaine : la grève, agrégatrice de liens sociaux.

En effet l’usager averti pourra faire remarquer au téléspectateur repu d’images que les périodes de grève des transports ne se résument pas qu’à une succession de bousculades navrantes et de cohues grotesques.
On pourrait alors ce livrer à un exercice intéressant qui est celui de la sociologie de la rame, une étude des mécanismes individuels et collectifs qui régulent un minimum cette phase de tension et d’inconfort évidente qui est celle du transport collectif urbain.

La toute première phase, celle de gestation avant celle de la naissance sociale au yeux du petit microcosme de votre futur rame est celle de l’attente sur le quai.
Cette phase de l’amoncellement d’usager sur le quai est cruciale car elle détermine selon son déroulement le premier niveau de statut dont vous bénéficiez une fois grimpé dans la rame.
De nombreuses qualités sont nécessaires pour mener cette phase à bien et donc entrer dans le train dans les meilleures conditions possibles.
Celles-ci font partie du cycle intemporel de la sélection naturelle énoncé par le grand Darwin.
A savoir, la patience (attendre le train suivant sur un quai désagréable bondé de monde est déjà un petit exploit de mobilisation des ressources psychologiques et mentales, afin de se figurer que malgré toutes les apparences, l’attente résolue sera payante).
La roublardise (comment trouver un intervalle libre le long du quai en se faufilant avec la grâce d’un chat entre les voyageurs suspicieux).
La prise de risque : se rapprocher du quai garanti une des premières place à bord du train, sous risque de tomber sur les voies poussé par la foule à l’arrivé de celui-ci.

Ces qualités font exactement partie des principales évoquées par Darwin, au sujets des sujets dominants capable de faire perdurer leur descendance…Le métro perturbé, nouveau sélecteur d’individu génétiquement sains ?
Assez nauséabond tout de même.
Notre réaction d’animal politique socialisé est certainement plus admirable d’un point de vue humain et passionnel (mieux évalué par notre subconscient judéo-chrétien).

Le fait de faire preuve de tact et de sociabilité est alors reconnu dans la rame (quand il ne l'était pas sur le quai).
J’ai vu des gens dialoguer spontanément, s’arranger entre eux pour moins subir lors de arrêts suivant, se donner de l’eau et des mouchoirs, et rire.
Le sceau ultime de la connivence et de la compréhension mutuelle.

Cela ramène donc à la population de la rame, à une tranche de société française, la proximité en plus, le groupe primitif tribal solidaire et uni au sens de Lewis henry Morgan.
Un des premiers anthropologues qui a brillement décrit les différents stades d’évolution la société, ceux-ci, après quelques adaptations s’appliquent parfaitement aux grèves.
Pas la peine de partir en Amazonie ou en Nouvelle Guinée pour observer en condition une authentique tribu…
Oui les grèves ou le feu de camp de la société post moderne, un endroit où les gens se retrouvent, se resserrent et échangent.

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