jeudi 18 octobre 2007

Vos nouveaux amis, les Flamin' Groovies.



Chers amis, laissons tomber un temps les ruelles tristes et déshumanisées d’Angleterre et penchons nous sur une formation, bien plus avenante, drôle et joviale.
Les flamboyants flamin’ groovies.

Une bande de kids américains comme on en fait encore dans certains coins de la Californie, allumés et se foutant de tout.

Cette attitude nonchalante ne doit pourtant pas cacher la teneur exceptionnelle de leur culture musicale et de leur talent, comme aiment le pratiquer les fainéant et les loosers absolus.
L’uppercut dans le ventre (qui a un goût de Nirvana) que vous vous prendrez dès le premier morceau arrivera j’en suis sûr à vous en convaincre.
Ce groupe illustre parfaitement ce dilemme classique : amour absolu des anciens avec la figuration de généreuses reprises de standards américains comme (Louie Louie de Richard Petty, Carol de Chuck Berry…) et usage bottleneck (City lights) contre envie de bouleverser les conventions établies (High Flyin’Baby).
Ils vont pour ne pas céder à cette schizophrénie ouvrager des chansons aux bases rock traditionnelles, classiques et solides avec une énergie sauvage et un traitement franchement second degré.
On en a pour preuve les sémillants Scratch my Back, Doctor Boogie et Walkin’ the dog.
En plus de la prétention, mal considérée pendant la fin des 60’s de ne pas se prendre au serieux, les Flamin’ sont délibérément apolitiques, et donc ostracisés par les hippies eux même, qui les regardent comme un groupe de jeunes décérébrés passéistes réactionnaires.
Mais s’arrêter à ces considérations politico idéologiques serait réducteur vis-à-vis des Groovies.
Ce serait occulter un pan entier de la personnalité si attachante de ce groupe de banlieusards.
Leur sacro-sainte, caution et dans certains cas onction « garage ».
Cet adjectif si galvaudé, des fois appelé proto-punk, dont les sons sont volontairement (ou non) sales, enregistrés avec des moyens artisanaux trouve ici tout son sens.
Vous me direz alors quel est l’intérêt du garage ?

Bien, cette conception de la musique rejoint celle du punk, le fait de pratiquer la musique que l’on aime en toute liberté, le fait de ne pas être contraints par des prérogatives purement matérielles ou dogmatiques et de se concentrer sur ce que l’on aime vraiment.
Le fait de se créer une musique indépendante inféodée à rien, média libre d’une rébellion adolescente libre face à ce monde si dur (celui autour du garage) et aux escroqueries planantes des autres de votre âge qui ne comprennent pas.
C’est ça le garage, une sorte d’endroit utopique et protégé, où l’on peut cultiver en toute liberté sa particularité loin du regard des autres.

Un adjectif qui ne doit pas se confondre non pas avec de l’amateurisme ou de la pauvreté technique mais avec candeur, authenticité et franchise.
Et c’est ce qui saute aux oreilles à l’écoute de cet album, on est là, invité dans le garage ou la cave de cette bande de types.
Tout y est, enregistrement direct avec échos, larsen et grésillements, ces magnifiques imperfections qui donnent tout le charme légèrement désuet de cet album.
Un disque que l’on écoute sans prétention, comme on l’écouterait accoudé à un ampli de la salle, une bière à la main.

On verrait le panache Roy Loney: à l’œuvre, le gros Danny Mihn marteler ses peaux, Cyril Jordan et Tim Lynch planter de grosses échardes rockabilly-blues-country-rock dans la ligne de basse de George Alexander. Les grands Stones en étaient vert.
Recréer de vraies choses, des tranches d’émotions et de sueurs, sans fanfreluches.
Comme entre potes.

Je crois même que vous pouvez dire, oui que vous pouvez affirmer maintenant sans mentir que vous connaissez très bien un super groupe de rock indie.

« Mais Oui, je te jure, des amis de San Francisco que je connais bien… »

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