samedi 27 octobre 2007

Californication

Parfois, il faut, il faut se mouiller, aller contre le sens des vagues, envers et contre tout, ce que je vais faire dans ce billet.
Tel un Zola, défendant un Dreyfus dans les colonnes de l’Aurore, je me ferais ici l’avocat du coupable idéal.
Celui qui endosse toutes les critiques et accumule les tares, le bouc émissaire.

On lui prête un nom à la fois fourre tout et péjoratif : « le rock californien ».
Certes il a des défauts dans la longue liste : trop commercial, idiot, manque d’originalité, bas du front, creux et calculé, calibré par les maisons de disque.
Il est loin le temps où toute la côte ouest cassait la baraque avec les Dead Kennedys, les Flamin’ Groovies, les Avengers et Germs en tête.

Des bombinettes véritablement subversives.

Malgré un certain niveau de crétinerie, de rebelle attitude ridicule et franchement pitoyable (piques en gel cheveux, cravates en guise de ceinture, mêches roses, bracelets de force et clous à toute les sauces…) avec le recul on a pu observer certains bénéfices réellement culturels à écouter cette musique.

Comme disait de Gaulle, « il y a là un mal nécessaire ».

Ne voyons plus ces groupes comme des machines de guerres lucratives, mais comme des portes d’entrée et des ouvres boite à cerveaux (un des concept favori des Hippies) .
Parce que ça reste du rock, loin de moi l’idée d’être un corporatiste convaincu cultivant l’idée nulle qu’à part le rock, point de salut.

Les Green Day, Sum 41, Offspring, Blink182, Good Charlotte et consorts on fait l’objet de portes d’entrée, voyante, connues et facile à trouver car largement diffusées.
Des balises électriques dans un monde de Hip Hop (le premier achat musical de toute ma vie fut la BO rap de Taxi 1 lors d’un voyage familial en Andorre).
Cela ne m’excitait que moyennement mais mes amis écoutaient ça (sans verser dans le cliché label Banlieue 100 % pur jus) et je suivais de loin des conversations Fonky Family et NTM (ces derniers originaires d’environ 300 mètres du collège).

Enfin bref, la vague grunge était passée nous laissant l’image de grandes sœurs dépressives souffrant d’une dévotion christique flippante et d’un chagrin incontrôlable éprouvé pour un connard au nom imprononçable qui s’était flingué loin d’ici.

A l’heure des balbutiements de Napster, dénicher de vrais bon CDs de rock pur jus était difficile du fait du foisonnement de l’offre et du manque de connaissances basiques.
Imaginez faire ¾ d’heure de Bus et Metro, se faire racketter à moitié (malin la thune dans les chaussettes), acheter un CD en promo qui à l’air cool et se retrouver à la maison avec un live unplugged de Blues Explosion…Imaginez la détresse des kids qui préfèrent investir alors dans un achat sûr, une paire de roller de street (c’était la mode des Roces blancs).
Je connais très peu gens ayant découvert le rock quasiment seul, et ceux qui y sont parvenu ont pu y accéder par l’intermédiaire de ces mastodontes FM et de MTV.
Ils n’étaient pas seulement écoutés, par quelques uns mais par des hordes entières de gosses mutants qui n’aillaient pas tarder à devenir des skaters.
Cet entraînement collectif a aussi provoqué une certaine émulation dans la quête musicale partagée.

Puis on évoquait un mot inconnu jusqu’alors : Punk.

Comme si rien n’était arrivé ici et que l’on avait gommé de l’esprit des parents ces années fastes, alors trop occupés à bosser, divorcer et nous trouver une colonie de vacances.
Je vous le dis, je vous l’affirme, le rock californien a su démocratiser considérablement un style de musique alors oublié voire simplement ignoré, englouti par la soupe industrielle insipide générée par des premières années Popstars.

Chacun a trouvé son sésame pour un autre monde, le mien s’appelait alors Americana.

Et là, Christophe Colomb, c’était vous.

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