mercredi 23 janvier 2008

Brut de pomme mec !

J’ai longtemps dit « vous n’avez pas goûté à la violence physique tant que vous ne vous êtes pas fait démolir la tronche à coup d’antenne de voiture à la sortie de votre collège… ».

Bien maintenant je me mouillerais peu en disant que vous n’avez pas goûté à la violence sonique tant que vous n’aurez pas écouté de bout en bout, les huit pistes de Raw Power par Iggy and the Stooges.

Huit pistes contenant tout leur pesant de saturation crasseuse et lubrique, d’entrelacs électriques acides enragés et d’hystérie colérique maladive.

De toute manière à cette épouqe, tout était simple, quand Iggy n’aimait pas un disque, il voulait tout simplement en tuer l’auteur (Lou Reed a même figuré un temps sur la liste avant que notre perpetuel torse nu ne se ravise!).

« Your Pretty Face Is Going To Hell » résume bien la teneur de tous ces sentiments mélangés, même les groupies n'étaient pas épargnées ...

Tout allait mal en cette année 1973, Iggy, plus dingue et défoncé que jamais claque la porte des Stooges et part mourir à petit feu à L.A. à grands coups de drogues dures et d’auto mutilations.
Bowie en parfait marionnettiste – fan transi va récupérer un Iggy Pop (qui n’a de Pop que le nom) mal en point et recolle les morceaux pour pouvoir enfin produire l’album définitif des Stooges.
Leur baroud d’honneur déglingué, plus puissant et brut que jamais, s’eloignant carrément plus qu’avant des tranches free jazz des précédents opus.
Baroud d’honneur parfaitement réussi, sur cet album au format seventies taillé pour l’époque, qui fera figure d’ancien testament Proto Punk, secouant les freaks ennuyés des frasques hippies des deux côtés de l’atlantique.

On retrouve dans la bande les frères Asheton, les historiques suppôts de Satan et un majestueux nouveau venu à la six cordes, James Williamson ravivant la flamme du blues et titillant l'iguane à grand coups de 220 volt.

Comment parler de violence crûment comme veut le faire Iggy sans évoquer la guerre du Vietnam, un des sommet en la matière, au moment où les Hueys évacuent Saigon ?
Passage obligé rempli dès la première chanson du disque avec « Search & Destroy », du nom d’un type de missions où l’armée US s’efforçait de fixer la guérilla Vietcong pour la détruire.
Pour l'histoire, le haut commandement US remédia vite à cette appellation jugée trop crue pour le public qui fût remplacée une autre accroche moins évocatrice « Sweep & Clear ».

La maturité et la production de Bowie se font sentir avec l’apparition de guitare sèche, tambourins et chœurs, donnant une ambiance plus mystérieuse, complexe et malsaine à l’ensemble.
On écoutera pour preuve le dérangeant « Gimme Danger » et le lancinant (ah l’harmonica !) « I Need Somebody » où l’iguane cowboy prend tout l’espace nécessaire pour montrer l’étendue de sa palette vocale.

Il ne faut pas croire que derrière une production et un premier mixage assez sophistiqués les thèmes habituels sont délaissés pour autant.

La violence pure, les excès de toutes sortes et autres débordements physiques et verbaux sont chantées avec force, ce que les inconséquents de base que sont les Stooges mettent sur le dos d’un puissant et ancien mojo, résidu de bestialité humaine primitive ancestrale : le « Raw Power ».

D’autres attributs personnels et exploits viril sont célébrés dans « Penetration » et « Shake Appeal » dont, pour des raisons évidentes de bienséance, je laisse le contenu de ces chansons à la discrétion du lecteur.

Les saillies de guitare de Williamson sont simplement ébouriffantes sur « Death Trip ». Annapurna final au riff surpuissant qui traumatisa les Pistols et les autres newbies de la vague 77, car ils le savaient tous, oui, Iggy, c’était lui le taulier.

Enfin, avant qu'il ne danse sur un lit de satin, téléphone à la main pour SFR.

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