dimanche 2 décembre 2007

Céline Dion est morte, vive les Breastfeeders

Certains « grands penseurs et autres intellectuels en vogue » voient hors de France les dernières frontières de la langue française, eh bien en écoutant le dernier album des Breastfeeders on tombe pour une fois d’accord avec eux.

Nos amis de Montréal se mettent un point d’honneur à faire vivre le rock’n’roll nord américain et, belle province oblige, en bon français.

Fini, le lourd ennui et le ton obséquieux avec lesquels on accorde trop souvent la langue française en musique. Spéciale dédicace à mes anciens profs de français.
Enfin, des mots de Molière son mâchouillés et crachés avec indifférence à l’auditeur médusé.
Ben ouais on parle français simplement, comme le chante Luc Brien avec sa voix d’adolescent en colère « Chanson pour destinée», jamais en retard d’une révolte ordinaire ni d’un cri de victime de l’amour (« Qui a Deux Femmes » au solo ahurissant et « Tu n’est pas mon Chien »).

Un ton qui contraste admirablement avec la voix délicieusement sexy et sixties de Suzie Mc LeLove.
On écoutera pour preuve « Funny Funiculaire », « Pas Sans Saveur » chansons légères ou une femme à la vertu incertaine vous entraîne dans un tourbillon de fête et de couleurs et vous défie de la suivre, pourriez-vous le faire ?
Que de fraîcheur, revigorante comme une gorgée de sirop d’érable !

On retiendra aussi le batteur Freddie Fourteen, admirable d’audace et de courage sur ses breaks incroyables sonnants comme une volée de bois vert sur les fesses (« Viens Avec Moi » min 0 : 40’).

Ces chansons jouées à toute allure et portées un triple attaque de guitares dures et rageuses genre punk fifties soutenus par une basse vicieuse on valu à ces drôles de zigues une solide réputation de bêtes de scène remuant sans vergogne le moindre espace mise à leur disposition, comme par exemple durant le très connu et respecté festival américain SXSW (on trouvera un témoignage de leur coolitude absolue ici).
La plume acide de nos cousins d’outre atlantique écorchent la cruelle réalité actuelle où on les retrouve dansant entre une voiture piégée et un discours de politicien véreux « Tout Va Pour le Mieux Dans le Pire des Mondes » et critiquant les médias tout puissants « Le Roi est Nu ».

L’énervement et l’excitation n’est pas le seul trait de caractère des Breastfeeders, se dégage aussi de leurs compositions une saveur rétro, nostalgique et surannée.

On citera comme exemple « Et j’Apprendrais que c’est l’Hiver », une histoire de rupture difficile et de fuite pour oublier, « Où Allez Vous si Vite ? » ou Suzie décrit la vie qui passe et son lot de questions avec le brio d’une Nancy Sinatra québécoise, sans oublier la cornemuse mélancolique de « Septembre Sous la Pluie ».
Car ces esthètes cultivent l’art de la métaphore et de l’ellipse, insufflant une dimension à la fois mystérieuse et onirique à leur second album.
Et avouez-le, faut en avoir une belle paire pour que l’instrument fétiche de l’un des songwriters soit… le tambourin qu’il manie avec une dextérité exemplaire et une energie démentielle (sans parler de son habit de scène, une sorte de boléro en fourrure lui donnant un air de diablotin infernal).

On pourra répondre, avec notre mine impertinente à Voltaire que des arpents de neige qui produisent des groupes et des albums comme ça, on en voudrait bien plus.

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