dimanche 21 décembre 2008

Alain Decaux raconte...Blondie


"Les dernières volutes de fumée bleue se dispersaient au dessus de la table de Billard.

Le cendrier de verre coca-cola accueillait dans une dernière culbute d’étincelles un mégot encore tiède.

Son propriétaire, un homme à l’air sévère, aux tempes grisonnantes, se tenait dans la pénombre du dinner. Appuyé contre sa queue de billard laquée dans une moue dédaigneuse, il jetait à sa fille un dernier regard humide, aussi implorant que dépité.

Il trempa ses lèvres dans un fond de scotch, la reposa sur la table en formica en faisant tinter bruyamment les glaçons.

Son regard ne se détachait plus du bout de ses pieds.


« - Où vas-tu partir alors ? »

« - New York. »

« - Tu as de l’argent ? »

« - 500 dollars. »

« - C’est tout ? »

« - Oui, je vendrais la voiture en arrivant sur place ».

« - Une Le sabre 1960 ? Tu n’en tireras pas grand-chose »

« - Assez pour payer quelques mois de loyer »

« - Tu ne feras pas de bêtises hein ? »

« - Non papa, au revoir. »

« - Au revoir. »


L’adolescente posa son regard inquisiteur sur le barman au nœud papillon turquoise, en léchant le dos de sa cuiller.

« - La route pour New York City? »

L’homme tout troublé posa sa cafetière et répondit à la jeune femme que le trajet le plus court était l’interstate 95 à la sortie de Jacksonville, direction Annadale.

La petite blonde à l’air menu poussa le battant de la porte, laissant sa part de tarte entamée sur le comptoir.

Dick Harry était amer et déçu. Il aurait voulu dire une dernière fois à sa fille qu’il l’aimait, avant qu’elle ne parte.

Dehors, les pneus de la Buick crissaient déjà sur les gravillons couleurs néon du parking."


lundi 15 décembre 2008

Alain Decaux raconte...Kraftwerk


Voilà, vu que je suis une grosse feignasse (et très occupée en ce moment), je ne me casse pas et je vous publie des notes de derrière les fagots sous la forme pompeuse (mais néanmoins créative, eh oui, au moins on essaye) de bonnes feuilles de romans que j'adorerais lire...si ils existaient. Dégustez moi ce passage des premières pages de Kraftwerk, par Alain Decaux, chez Gallimard, 296 pages de musique électronique allemande à la fois noire, mécanique et romanesque, un chef d'œuvre:

" « - Nein, tu ne m’auras pas ainsi ! » s’écria le Pr.Von Osterlinden.

« - Tu es ma créature et tu aurais dû m’aider à dominer le monde, et non pas vouloir tuer tous ceux de ma race en les anesthésiant avec des rêves synthétiques et binaires.

Tout ça pour que tes rejetons de fer et de silicone échafaudent grâce à leurs cerveaux de circuits imprimés malades, des plans pour le régir en maîtres, selon leur bon vouloir.


Pendant que mes enfants béats se laisseront faire, comme les esclaves serviles que mes parents étaient, obéissant au doigt et à l’œil à leur führer. »


Ce furent les derniers mots du Pr.Von Osterlinden, entendus par sont assistante, Fraulein Weiss, avant qu’il ne soit retrouvé mort, électrocuté en tentant de débrancher une mystérieuse machine automatique allemande, froide, rigoureuse et précise, suivant les canons de l’excellence ultime entretenus outre-rhin : elle s’appelait Kraftwerk. "


Ce serait éblouissant, avouez-le, une fresque musicale dépeinte par un fantastique conteur, comme au bon vieux temps. De toute manière, même si un tel livre existait, je suis quasi-sur que sa publication serait illégale.


samedi 6 décembre 2008

Lazy writer


Sorry everyone I'm too busy to post anything, exams are here and everybody knows it's a pretty hard time. I know, shame on me.

But since it's the St Nicolas today, I write it like that, but of course it depends on where you live. I'm posting you a pretty rare picture of one of my favourite french rock band.
Yes, your visit, even for a dumb picture, is currently worthing its while because you can basically count them on the fingers of a chinese fireworks maker.

So enjoy this piece of clever, creative and provocative insight and please try to be patient.

I'm thinking about posting some exclusive content and random notes that I put aside those years. It will be labelled in a special way. Don't worry it will be still related to music, but it's gonna be in French, and not to say Franco French. At your translating machines people.

Anyway, happy St Nicolas !

vendredi 21 novembre 2008

Le rock français sur boite vocale

Voilà, ce qui a tilté, un de ces quatre matin, tandis que je feuilletais mon catalogue Fnac la mine déconfite et les yeux collés.
Une image m'a interpellé, celle d'un live de Luke, parmi le flot des têtes de gondole de noël. Cette tout fraîche pousse mérite qu'on s'attarde quand même un peu plus à la racine, qui en est tout bêtement, Téléphone, groupe français (qui a dit franchouillard ?) resté dans la mémoire comme "meilleur groupe français de tous les temps".
Honnêtement, cette pochette très similaire est-elle un pur hasard?.
Le côté subjectif de la formule ne doit pas vous troubler, on peut partir de bases un peu plus tangibles pour expliquer le phénoménal succès du groupe.

La première et la plus facile à définir est la maitrise technique des membres du groupe, Louis Bertignac est le premier guitar hero français, on peut en juger de ses solos interminables, ses séances de taping intensives et ses suites mélodiques léchées.
Il faut préciser, qu'ayant baigné dès sa plus tendre enfance avec BB King, Led Zeppelin, Jimi Hendrix, les Beatles et surtout, les Stones, il a été le premier guitariste français à exterioriser ses multiples influences anglo saxonnes, un peu à la manière d'un Michel Polnareff rock. Parsemant le tout d'échardes de blues et de saillies hard.
Richard Kolinka, imprime lui une énergie explosive jamais vu en France depuis les roulés boulés scéniques de Johnny Hallyday.

Une des bases est aussi purement conjoncturelle: Téléphone arrive à un bon moment.
Avant l'apparition et surtout médiatisation du mouvement Punk en France. Pile au moment où, suite au choc pétrolier de 74, la France connaît de premiers déboire économiques, rompant avec l'époque bénie des 30 glorieuses.
Ce terreau social fertile va donner une résonance particulière à un groupe un peu plus énervé, plus proche des réalités françaises que les super groupes anglo saxons qui parcouraient les stades du monde, sans en voir grand chose d'autre.
C'est dans cette mesure que le songwriting original du jeune Jean Louis Aubert va être déterminant.
De plus, le téléchargement ne ravage pas encore les ventes et les charts, les débouchés économiques du temps du vinyle sont toujours là.

Bref, la chose est là, écrasante et incontournable, à la fois rebelle et consensuelle, confidentielle et marketing, douce (tube FM) et amère (écoutez le solo de fin), c'est dans cette matière confortable et visqueuse qu'on grandi tous les groupes français actuels, qui comme Luke, Noir Désir & Co.
Ces derniers on complètement intériorisé ce style qui demeure actuellement la norme, celle qui a renversé les yéyés et survécu à la scène hard et heavy metal.

Ce rock français, autant décrié, taxé d'intellectualisme, de pleurnicherie gratuite, de manque d'ambition, et de sectarisme bourgeois compliqué. Cet objet de causeries et débats interminables porte en lui son problème.
Depuis Téléphone (traumatisme mainstream fondateur), mêlant habilement critiques sociales et politiques, hymnes à la joie et à la vie, il n'as pas su évoluer à la manière de ses cousins anglais et américain.
Le niveau, plutôt faible de la new wave, pendant du rock dans les années 80 (effets électroniques et autres déboires embarrassants, clavier et saxophone etc...) en est la preuve.
Le rock français n'est donc pas mort, il est dans le coma. Vous en doutez encore? Les shootings du prochain album d'Indochine (sortie en Mars prochain) vous feront surement penser à ça.

Qui sort la piqure d'adré ?


ERRATUM: Sorry faithfull english readers for this franco french text. One of you kind readers brought to my attention the fact that "The Thrill Is Gone" is an American all time standard.
He was right, sorry for screwing up (enjoy it people, it is my UN style, I don't use is very often).

jeudi 13 novembre 2008

And what if live was a loving thing ?

Pour les moins fidèles d'entre vous qui ne comprennent pas le titre (et par là même, l'admirable jeux de mots qu'il comporte), ayez l'aimable obligeance de vous rendre ici.

Sinon, je viens d'assister à un des meilleurs concerts de rock de ma vie. Oui c'est un peu péremptoire mais c'est la vérité.

Le prix de l'entrée était modeste (5€), le groupe était carré et en colère, et on a pu, mon ami Yvon (nom de code pour preserver son anonymat) et moi siffler nos bières à côté d'elles, sans aller oser leur parler, nous contentant de leur jeter des petits regards lubriques et admiratif d'adolescents tourmentés

Pourtant, j'avais peur, peur de sombrer dans de la pop, peur d'arrangement disco bizarres de studio et de partis pris un peu trop trendy scandinave pour moi.

Mais pas du tout, les Sahara Hotnights, ces valkyries du nord étaient venues ce soir sans robes cheloues de Björk, sans oripeaux pop, justes avec leurs guitares et leurs bouteilles de gros rouge (vu de mes yeux, une autre preuve dans cette vidéo).
On a même été surpris, Yvon et moi, on a quitté précipitamment l'espace lounge de la Flèche d'Or, nos bières à la main (malgré une séance de matage intensive d'ERASMUS suédoises venues applaudir leurs gloires nationales), pour se rapprocher de la scène comme des groupies de bas étage.

Là, ça faisait mal, pas de gimmicks ni de fanfreluches, juste des multi attaques de guitares à vous faire tomber par terre, des chœurs à vous briser le coeur, une voix parfaite, ces meufs sont les reines de la Big Muff (gros son et distorsion).

Les "Hotnights" meritent bien leur nom.

Pas de minaudage, juste un peu de cabotinage, une bassiste qui secoue la tête et qui joue seule pendant trente seconde, des guitares levées au dessus de la tête, une batteuse qui frappe furieusement son enclume et des mercis approximatifs, mais dieu que c'était bon!
On passe pas moins de 4 albums en revue avec nos copines, qui avaient, ce soir, là, l'énergie et la maitrise, une bombe H dans un tube de rouge à lèvre.
On en sort vidé, content, heureux, déçu que les gens n'aient pas plus bougé, que les Ramones suédoises arrêtent déjà, on veut les revoir encore et encore, pour être émerveillé de nouveau on voudrait les retenir par la main.

En fait, c'était ça ce concert, le plus long, le plus beau, le plus fantastique rateau de ma vie.

dimanche 2 novembre 2008

Rock and roll campaign

Ok guys, I know that's not my job to talk about US Politics, If it was the case, I would have called this blog "What ever happened to politics ?".
Even if I like this bright potential title I leave this fantastic subject to people way more funny, concerned and qualified, like for instance Jon Stewart, Tina Fey, Stephen Colbert and so on...

I won't, like many others foreign bloggers cry about, the choice Americans have to make and the fair and natural right, for each and everyone citizen of the world to vote, in order to choose their future "real" president (the people out of the count are the terrorists and all the sick weirdos who would rather die than do that).
And, anyway, if you read this blog for a while, you have probably already figured out who i'd like to vote for (if I was American of course).

Instead of crying,let's take it like a chance, to every 4 years take the pulse of the american society (that, no matter what they say, a lot of French don't know), by observing the campaigns and then, deeply anlayze the results of the vote.

A thing that i would love to do, but no I'm sorry. It is my sacred duty to report what I know about the rock and roll side of this mediatic campaign to design the future ruler of the world. And I'll stick to that.
A lot of you guys are going to be surprised, but apparently, the ultimate rock and roll fan taking part in this campaign is Meghan Mc Cain, one of the daugthers of candidate John Mac Cain, war hero and stuff.
I take quite often a look on her blog, a very interesting way to see the real backstage and organisation of such an event. And moreover the essence of the American mentality (like we like to call it n Europe).

I bet that you'll be surprised scrolling her playlists and finding a bunch of very interesting artists, far from the MTV marketed world that Paris Hilton is trying to sell us, and a lot of things that you don't expect to find in the iPod of the daugther of an republican presidential election candidate:

David Bowie, Elliot Smith, The White Stripes,
Jesus and Mary Chain, The Rolling Stones, Elvis Costello, The Sex Pistols, Iggy Pop, Johnny Cash (okay, you could expect that), Led Zeppelin, The Smiths, The Editors, The Cure, Janis Joplin, The Ramones, The Brian Jonestown Massacre, The Jimi Hendrix Experience, BB King, Blondie, Sid Vicious (who is fucked up enough to listen him in solo), The Doors, The Misfits, Gang of Four (damn, I'm gonna ask her to write this blog with me), Bob Dylan,The Who, Wolfmother, Buddy Holly, JJ Cale, Muddy Waters, The Velvet Underground and Nico, Blur, The Clash (damn I'm gonna ask her to spent the rest of her life with me)...

I know that you don't trust me, you nasty non believers, "duh Everybody can do some name dropping" but I browsed the entire Playlists and there's not only hits and singles in it.
There are also some ignored hidden beauties issued in the best albums of all times like "Castles Made Of Sand" a soft song by Jimi Hendrix or "The Thrill Is Gone", a heart breaking blue by BB King.


A person with these tastes can't be bad, no matter the father.

The lesson by Johnny Rotten remains the same, but is always good to be told: Don't judge a book on his cover...unless you publish an other.

mardi 21 octobre 2008

Loup Reed, bête de scène

Bon alors, partant du principe que vous êtes des lecteurs fervents et assidus de cet exutoire numérique que vous appelez un blog, je pense que vous connaissez mes vues (aussi crasseuses que personnelles) sur la musique jouée et délivrée en instantané.


C'est à dire tout bêtement la performance live, trait d'union entre le raffinement musical et sa facture spontanée et directe sur scène, la rapprochant de l'art brut.
"Rock n roll Animal" est de ce genre de témoignage.
Je ne sais pas pourquoi je viens de me perdre dans ces phrases interminables et grandiloquentes, mais bon elles sonnaient bien alors à quoi bon vous en priver?
Surtout quand on sait qu'une partie de mon plaisir sadique à écrire ce blog consiste a vous les infliger.

Tiens, tiens, mais ne serait-ce pas un des quelques traits communs que nous partageons absolument tous inconsciemment (maintenant que sœur Emmanuelle est morte).
Qui ici, n'est pas feignant, méchant, menteur, incohérent, lâche, stupide, grossier, mégalomane, méprisant, ignorant et vulgaire (si vous pouvez répondre OUI a tous ces adjectifs vous pouvez cocher la case "dictateur fantasque" dans les formulaires Carrière et Compétences de l'ANPE).
Un peu comme tous les hommes en fait, Lou Reed étant un homme il cumule donc une partie de toutes ces tares. On pourrait encore pousser ce brillant syllogisme en se disant que chez lui, elles sont non seulement quasiment toutes présentes, mais aussi poussées à l'extrême.


Jusqu'à cet album, ces tares étaient plutôt occultées, on le savait certes, drogué jusqu'à la moelle, suffisant et un brin mégalomane, mais devant ses comptines décadentes savamment ouvragées, la critique indulgente et le publique en extase se prosternaient devant ce trublion provocant et asocial.
Mais voilà, le statu quo sage et respectueux qui s'était imposé n'a pas tardé a vraiment énerver notre ami Lou et son flot de dépravation incessant avait fini, par devenir, a son goût et à celui de ses fans, aussi mou et inconsistant qu'un chamallow.


Piqué au vif (et surement, en pleine descente d'acide, ce qui n'arrange rien), il reprend son t shirt noir et ses bracelets a clous et décide de battre les routes des scènes et du monde, en pleine vogue des super groupes à formation aussi géniaux que grandiloquents. Rien que pour montrer, que lui, le tôlier était toujours là, que son dernier bébé, "Berlin" tenait la route, et par là même que sont public n'était finalement qu'un ramassis de cons.


Il allait renier publiquement tout, reprendre le train là où il était arrêté et renforcer son line up, le baraquer comme un proxénète du bois de Vincennes à coups de chromes, d'ors et de vermeils vulgaires pentatoniques. Après tout, c'était un homme du peuple, le clinquant de Brooklyn ou du Bronx, au fond, il aimait ça.


Et ça allait commencer dès l'intro, doucereuse et trompeuse, comme une goulée de whisky , le ton était donné, et sur ces entremêlas alambiqués allait naitre une "Sweet Jane" toute neuve, adulée par la foule en délire dès le premier riff clairement identifiable.
Lou était là, toujours debout, planté sur ses deux pieds, après un malaise tachycardique et plusieurs évanouissements, chantant son petit couple new yorkais, plus nonchalant et convaincu de son génie que jamais.

Il le savait, c'était du réchauffé, mais ce n'était pas grave, ce qui comptait à présent c'était son groupe de bretteurs aussi doués que peu avares de notes comme Steve Hunter et Dick Wagner, aussi effrayants que leurs propres patronymes.
Là il y a a cassure, fracture nette du rythme, "Heroin" arrive, dans une intro aussi épurée que dépouillée, puis soudainement encadrée par un cloître de guitares jouant les mêmes parties, comme les deux pendants d'un même arc boutant.
Tout ça pour se calmer et d'arrêter juste après, pour repartir comme le sang dans vos veines, celui qui vous pousse a devenir fou et à pleurer dans un chahut de wouah wouah portées par la basse de Prakash John et la batterie de Pentti Glan. Pour retomber ensuite sur le dallage froid du monastère, comme une prière lancinante.

Rien ne pouvait arriver de mieux que « White Light/White Heat », Annapurna bruitiste de l’album éponyme, le plus loué par les fans les plus hardcore de la formation (pile après Metal Machine Music, dont le chef de file des défenseurs n’était ni plus ni moins que Lester Bangs qui entretenait avec l'ami Lou une relation versant dans la résistance sado masochiste incestueuse du point de vue musical).

Les musiciens parviennent sans mal à donner à ce morceaux un aspect de Southern Rock and Roll big shebang des plus primaires et agréable, se terminant dans la jubilation la plus complète et la plus totale.

« Lady Day » renoue avec les mélodies acides, mais, concept oblige sur grand fond d’orgues trainants et langoureux et de solos maniérés aussi maitrisés que prémédités.

Un autre moment de grâce renait par le biais de ce live, c’est « Rock and Roll », tiré de l’album « Loaded » (mon album preferré du velvet). L’histoire quasi autobiographique d’une petite fille prenant goût à la vie grâce au bon vieux rock 50s dont elle se gave sur les stations de radio new-yorkaises alors florissantes.

Le petit hymne intimiste et personnel se transforme sur cet album en pièce montée hard funk où la vie n’est plus qu’un caléidoscope géant ou se chamboulent différents cristaux multicolores.


C’est cela cet album live, un miroir déformant où Lou Reed se joue de ses tics et de ses vieilles habitudes, ou la musique semble irréelle et bouleversée, floue, comme la photographie de cet album. Floue comme la vie tout court, finalement.

vendredi 10 octobre 2008

Putain 1 an ! Damn 1 year !

This blog is now one year old. But he doesn't care because he's just a bunch of algorithms.
You humans are so sentimental. You can leave a birthday comment if you can't control your effusions.
Here we go for one more year of rock n' roll, hope it's gonna be good.

lundi 29 septembre 2008

Rock and roll in your daily life (part6)


Hoho, i know an old pal o' mine that will propably wet his pants reading those few lines. This is exactly the kind of thing you can discover, wondering a quiet street of Berlin.
The ultimate phoenix post war city. Mad anf quiet in the same time, classic and terribly crazy. In Paris, no chance to discover such a discreteVelvet Underground - Warholian banana hommage, the only place where you can find it is on a fancy t shirt worn by a fancy dude who don't have a clue of what it's all about.

"yeah man, I'm wearing the picture of a fruit, like Justice, but they're out now"

It's finally easy to understand why this city was loved By Lou Reed (ahah), Iggy Pop and Bowie, nice wursts, good beer and welcoming people.

Berlin ist wunderschöne !

dimanche 28 septembre 2008

Like a candle in the wind...

Mais oui chers lecteurs, parce qu'en sommeille pas en nous qu'un gentil Bisounours avide d'écouter les meilleurs tubes de Pan Flute Serenity.
Il y a aussi un furieux asocial, un psychopathe, un pervers polymorphe du dernier degré qui se réveille dans le RER ou dans les tribunes du PSG.
Comment l'Homo Musicus du XXI eme siècle, bombardé de musique comme une particule en CDI au CERN peut-il faire la synthèse entre ces deux penchants: stupre pop et folie indie ?

Sonic youth nous offre ici la réponse avec une grande première (qui a déjà 20 ans) que je qualifierais sobrement de Indie Noise FM.
Alors, de grâce, remisons au placard les Marylin Manson, et autres antéchrists de fête foraine et attelons nous à l'étude de la pire des folies malsaines: celle silencieuse du quotidien.

Il est intéressant de voir ce que fournissent l'essentiel des grands artistes pointus limite intello, quand ils donnent dans une ambition FM et mainstream, un peu comme si Manu Katché participait à la Nouvelle Star (hey, mais attendez une seconde...).
Et bien là, Thurston Moore, le type aux 1000 accordages de guitares différents et sa bande mettent de l'eau dans leur vin. Une expression bannie du vocabulaire de certains, mais là, laissez moi vous dire que cette rasade aqueuse fait le plus grand bien (ne cherchez pas de contrepèteries bande de sales tordus).
Je vous passerais les clichés qui sont liés à cette formation devenue cultissime chez les trentenaires encore rebelles en mal de vivre. Qui la révèrent par légions entre une balade à vélo avec les enfants et un marché aux légumes citoyen.

On est en effet heureux de délaisser avec cet opus les bien trop longues plages noise pures, souvent totalement inaudibles, une tournante pour tympans où certains illuminés y voient des assonances magiques, un entremêlât de sont finement chantournés, fruits d'une recherche et d'une démarche musicale exceptionnelle.

Autant dire que le premier titre, ce bijou génial de "Teenage Riot" à l'ambiance planante, calme et éthérée comme suspendue dans le temps rend à merveille la mélancolie et la langueur adolescente, celle qu'aiment cultiver les citoyens de la "Daydream Nation", les jeunes gens dans leurs lits, qui regardent le plafond en fumant. Ensuite, à 1 min 30, un riff killer, sale, furieux et ravageur fait son entrée et emmène le morceau ailleurs, le teen descend et marche dans la rue à pas rapide.
Il rêvasse et le temps se suspend une demi seconde, à chaque regard à une fille qu'il croise, pour retomber soudainement sur le macadam, une petite révolte et émeute intérieure larvée.La vôtre peut-être.
"Silver Rocket" la chanson suivante s'inscrit dans une habitude plus coutumière de la Jeunesse Sonique, en dépit de son format raisonnable (moins de 5 min, petit joueur) avec un rythme rapide rondement mené et complètement fou. La fusée s'écrase à 1:30, une habitude décidément, pour repartir 1:30 avant la fin.
Mais serait-ce la fille du groupe qui chante sur cette chanson? "The Sprawl" rapelle fortement la poétesse punk Patty Smith, avec sa voix trainante et ses textes poético-réalistes scandés faisant plage à de longues plages mélodiques.
La rengaine des malades mentaux continue avec "'Crosse the Breeze", morceau débutant sur des accents oniriques chromés qui s'emballent et tournent en rond, se dissolvent en reverb et treeble avant que la punk Kim Gordon (pourquoi ce genre de meufs s'appellent toutes Kim?) ne vous crie qu'elle veut savoir et qu'une voix démoniaque lui réponde dans une accélération de dissonances oppressantes. Puis la tempête retombe en une seconde, était-ce un cauchemar?

Notre bon Thurston reprend ensuite le volant du bus magique avec "Eric's Trip", un titre sans équivoquen une démonstration que drogue et maladie mentale ne font pas bon ménage.
Après toutes ces chansons éprouvantes, le petit diablotin pop qui sommeille en vous, en compagnie de ceux du mensonge et de la paresse se réveillera sans doute à l'écoute de "Total Trash", le refrain et les guitares saillantes aguicheuses sauront vous en convaincre, tout comme le ton nonchalant de notre hôte.
Mais ne sous estimons pas ce Matchu Pitchu sonique de 7:33, où les novices auront du mal a frachir la barre psychologique des 4:30.
"Hey Joni" est une petite petite piste exceptionnelle car elle fait à elle seule la synthèse ente rock, noise garage, punk et rockabilly indie (pour la voix). Un bouillon de culture très intéressant!
Le titre suivant, "Providence", qui commence sur une petit mélodie radio dégradée de piano naïve est pour moi un délire hermétique incompréhensible.
Le titre porte étendard de la jaquette "Candle" porte avec lui des accents de Strokes (les refrains) des années 80, chantés par un Johnny Rotten américain défoncé ou ivre.
Personnellement le titre suivant "Rain Kid" m'ennuie passablement.
Par contre celui d'après "Kissability" (merveilleuse trouvaille de titre) et parfaitement livré. Son écoute peut vous donner une idée de ce qu'une célibataire de quarante piges peut ressentir.
Le morceau d'avant garde "Trilogy: The Wonder" requiert un énorme critère pour être apprécié: celui d'être un trentenaire au chaumdû ou alors d'être un adolescent dépressif qui nettoie une dernière fois ses armes avant de faire un massacre dans son lycée.
On aura compris qu'il faut un petit grain, un minimum de culture et surtout énormément de temps pour apprécier ce triptyque sonore à sa juste valeur, que l'on pourra même qualifier de pièce artistique.

Comme le reste de cet album après tout, et bien sur, si l'Art (oh oui)! Ne vous embête pas trop.

lundi 8 septembre 2008

Rock and roll in your daily life (part 5)


Okay people, I confess, it's a pretty easy one when you're in Germany, but, when you're outside of the country it turns to be super - duper - awesome.
This is not to brag, but this is a small souvenir from the pleasant Rhur region, where powerplants, factories, industrial railroads and giant warehouses are redisigned to become some very fancy art and family leisure places.

If you don't get the joke reading the picture, you're an ass, do me the favor to watch this and that.

By the way, there will be others tributes to this band, that gets robbed and raped every time Chris Martin or some kind of other dude open their mouths or even touch a guitar.
Want a clue? Listen "Computer Love" and "Talk" and tell me what you think.

mardi 26 août 2008

Van Halen, les Vandammes du rock

Bon c’est la fin de l’été, on prend fissa l’A6 direction Paris avec, comme compagnons d’infortune les Scénics familiaux immatriculés dans le 77 bondés qui prennent le chemin du retour ainsi que les mini bus Volkswagen bataves.
On regarde passer la route et le défilé des paysages dans les dernières volutes de langueurs rêveuses estivales.

Non, stop, merde, ce n’est pas fini, pas déjà, août n’est pas fini, l’été n’est pas mort, ressortez les tongs et le Ricard et buvons jusqu’à la lie les derniers rayons du soleil.
Sacrifions nous encore à l’ancien dieu Inca, pendant qu’il est encore temps ! Ce qui veut dire, vacances obligent, écoute de disques débiles et jubilatoires conseillée.

Youpi ! Je me rue directement sur Van Halen, groupe dégoulinant d’humour et de grosses guitares, dont les membres, en plus d’avoir un look hair métal stupéfiant (ouvrez la pochette du CD et jetez un coup d’œil) étaient des prodiges dans le champ de leurs instruments respectifs. Les frères Van Halen, Alex à la batterie (fûts transparents, doubles pédales, et le gong qui va avec) et Eddie à la guitare (l’inventeur du tapping à la stratocaster constellée de rayures multiculores), de vrais guerriers, fils d’un clarinettiste de classe mondiale (véridique), normal pour des gens nés à Nimègues vous savez, la ville du grand classique « Un pont trop loin ».
Les frangins épaulés par le fidèle et barbu bassiste Michael Anthony propulsent la grande blondasse sautillante à la langue bien pendue au chant,
David Lee Roth (sa dernière contribution sur album avant qu’il ne claque la porte du groupe).

Il faut dire que ce disque n’a jamais figuré sur aucune discographie idéale pour deux raisons :

La première est que la catégorie album de rock pour l’été n’existe pas, car, voyez vous mes amis, l’art que nous chérissons ne supporte pas l’humour (tort que Starshooter a payé en son temps tendis que Téléphone crevaient le plafond du sol français).

La seconde est que tout journaliste osant avouer au grand jour, sans ironie, qu’il aime véritablement Van Halen, il sera crucifié par le reste de la profession dans l’heure (du politiquement correct dans le rock, comme c’est étrange, il faut invariablement aimer Babyshambles et détester les Scorpions, voilà pourquoi selon mon avis le hip hop est, de ce côté, plus intéressant).

Trêve de lapidations inutiles, écoutons ce disque de l’été de préférence dans une voiture.
Autant le dire, 1984, la bande annonce éponyme est tout bonnement inutile, je vois personnellement dans ces longues pistes de synthé, un hommage au lancement du premier ordinateur Mac qui a eut lieu la même année, l’entrée dans un rock devenu futuriste.

Par contre, la deuxième piste, le méga succès « Jump » estampillé MTV, parvient à déplacer des montagnes avec des claviers entêtants.
Un titre au refrain péchu, repris dans des milliers de films et d’émissions TV, perso quand je l’écoute le matin dans le RER j’ai envie de sauter à pieds joins sur les strapontins et de faire la fête avec tout le monde comme un rocker des 80s jusqu’au fade de la fin du morceau servi, une fois n’est pas coutume par une guitare sobre (à part durant le solo bien évidemment).
La piste n°3 est « Panama », une chanson osée quand les troupes américaines foulaient alors le sol de ce petit pays d’Amérique centrale.
Les alternances tempo lent/accéléré déroutent l’auditeur et le font exploser dans un feu d’artifice chatoyant.
« Top Jimmy » à l’intro mystérieuse et délicate comte les aventure de Jimmy, le garçon qui fait craquer les filles (on en connaît tous un), les couplets chantés en chorus avec gourmandise vous forcent encore à vous déhancher et le solo de Eddie vous enterre sous des tonnes de treeble acide avant d’avoir droit d’entendre les filles que Jimmy se lève.
La chanson d’après « Drop Dead Legs » vous force à ralentir le tempo et à déguster avec attention chaque circonvolution du groupe. Reservé aux fans absolus.

Par contre, la chanson suivante « Hot For Teacher » est du grand art, rien que l’intro de la batterie imitant le pot d’échappement d’une Harley Davidson rutilante vaut le coup.
L’illustration sonore et la gouaille de Lee Roth font merveille pour illustrer le vieux fantasme du cancre, qui est tout simplement de se farcir la prof la plus sexy du lycée et d’aller prendre quelques cours particuliers supplémentaires très spéciaux après la sortie des cours.
Le clip est aussi lui aussi un petit bijou de drôlerie décadente à gros budget où Lee Roth en chauffeur de bus scolaire fait merveille.
La chanson d'après aurait pu figurer sur une B.O de Rocky, « I’ll Wait » faite entièrement d’interrogations sentimentalo amoureuses typiquement américaines et de claviers futuristes.
« Girl Gone Bad » avant d’être une série de films pour adultes produits par Snoop Dog était une chanson de Van Halen, libérant comme d’habitude des cascades de reverb et des motifs mélodiques très complexes, malheureusement noyés par trop de tics de bon techniciens et une production trop alambiquée et très datée.
Pour un dernier tour de piste, le groupe piétine sans vergogne le territoire métal avec une mélodie et une attaque de guitare qui rappelle Iron Maidden ou encore Slayer.

D’autres groupes qui ont marqué leur époque, le plus de Van Halen étant ici la guitare aérienne d’un Eddie Van Halen toujours inspiré.

Maintenant ils se sont reformés pour une gigantesque tournée mondiale, avec le fils de Eddie à la basse et un David Lee Roth qui semble avoir oublié les rancoeurs du passé.

En définitive, Van Halen n’est pas seulement un groupe de métal pour gays (comme certains de mes amis le disent), mais une sacré bande de talents réunis, malheureusement enfermés dans leur style, et pire, leur époque.
Prisonniers d’une tour d’ivoire qu’ils ont, à leur insu contribué à créer en enregistrant dans les excès de leur home studio et se bouffant le nez entre eux à chaque innovation amenée.
Erreurs qui les ont chassé du panthéon du rock après un succès énorme, mais qui ne les chasseront sûrement pas de votre platine de l’été, fin d’août ou pas.

P.S : Je m’excuse pour cette longue absence de vacances, je vous raconterais peut être des petits bouts si ce n’est pas trop cul – cul ou tout simplement inintéressant.

jeudi 24 juillet 2008

Quand j'entends siffler le train...(part 4)

Oulalà, on dirait que ce blog (soit disant rock’n’roll) se transforme lentement et sournoisement en annexe de La Vie du Rail, garnie de moult commentaires détaillés, de belles images (admirez tout de même le grain résolument 80s de celle ci) et d'un édito en bon et due forme illustré d’une photo du rédacteur en chef luisant et lunetteux et se terminant par une perle telle que l’expression « ferroviairement vôtre ».
Ah, merveilleux monde des hobbies.

Non, chers lecteurs, rassurez vous, ce ne sont que ce que l’on appelle dans le jargon journalistique des « marronniers de l’été », ce genre de sujet de saison récurrent et rébarbatif dont tout le monde se fiche, mais qui font bien dans le bruit de fond médiatique estival.
En somme, les sujets qui traitent de la sécheresse record dans le Larzac, de la pluie en Bretagne et de la récolte des citrons en Corse.
Avec un peu de chance, si vous regardez le 13H de Jean Pierre Pernod, vous pourrez vous délecter comme moi à chaque fin de sujet d’un commentaire satisfait et parfois pontifiant de notre homme tronc favori du genre : « Une bien belle région en effet » ou alors « Une saison bien charmante ».

Enfin, revenons à ce qui nous intéresse, notre marronnier sonique.
On aura beau dire, même mes aveux de médiocrité assumée ont de la tronche

Bon, bon alors la 2nde classe du TGV, Le Creusot – Paris, Il faut dire que l’ambiance du train de 22h30 ne prête pas franchement à la rigolade.
Je vous vois venir bande de petits soupes au lait, la 2nde classe ne serait qu’un horrible trou à rats ouverts à tous les vents ?
Je suis vraiment désolé de décevoir le Emile Zola qui sommeille en chacun de vous mais non, pas du tout, certes, la moquette est moins épaisse, le design moins agréable, les fauteuils moins cosy et les matières moins cossues. Mais l'isolation est strictement la même qu'en 1ere.

Les seuls dérangements acoustiques se font au niveau de l’espace passager qui, il faut le dire, est assez remuant, entre la tripotée de marmaille qui (comme en première classe) déboule dans les couloirs (les enfants sont des fois plus égaux que les hommes) et l’espèce de douchebag
[Désolé pour cet odieux anglicisme, mais là le rapport signifiant - signifiant est trop évident dans mon cerveau de citoyen du monde totalement dénaturé pour que je puisse me résoudre à utiliser un autre mot bien français. Il serait d’ailleurs proche de blaireau, mimile, croisé avec sac à merde : la merveilleuse simplicité et précision du vocabulaire et de la syntaxe anglo saxonne m’en laisse pantois] qui s’évertue à frimer lamentablement avec mon PC portable et son disque dur externe, (comme si on avait pas déjà maté ses horribles chaussettes grises) regardant des bouts de long métrages magnifiques dans le désordre le plus total et, cerise sur le gâteau, renversant de la bière sur sont obèse et taciturne voisin.

Donc je mettrai une note inférieure à la première classe, là on est à mi chemin entre le quasi parfait et le niveau de bruit entretenu à l’intérieur d’un bus de province.
Ajouté à ça aussi ce rayé bleu lagon et jaune pipi, sans même évoquer ces horribles têtières en simili cuir gris, graissées par les cheveux des gentils passagers précédents.
Le bureau de style de la SNCF aurait quand même pu opter pour une couleur unie, afin de ne pas blesser les yeux et la surtout dignité de ses clients ou usagers (selon votre bord politique).

« Regardez, moi je suis un pauvre, je fais mon trajet dans le mauvais goût et le ridicule, je suis une merde, pardon. »

Je sais, je suis snob, enfin des fois mais bon Luchini ne vend pas de vent (oulala esprit de Philippe Bouvard sors de mon cops) dans ses pubs radios.
Clamer que la 1ere classe du train est meilleure que la 2nde …ce blog atteint des sommets de contestation anticonformiste dérangeante et de provocation gratuite impertinente.

Mais ce n’est qu’un marronnier de l’été, après tout.

mardi 15 juillet 2008

Quand j'entends siffler le train...(part 3)

Aha! Les vacances, c'est l'heure de se précipiter... au Creusot, la Silicon Valley bourguignonne.
Mais malgré la pratique de hobbies aussi prenants et onéreux qu' exclusifs je ne vous délaisse pas amis lecteurs.
Comment? Eh bien en chroniquant les vertus acoustiques de diverses rames de chemin de fer à disposition des client, ou usagers (selon votre bord politique) vivant sur le sol français.

Et, mes amis, votre serviteur s’embourgeoise, car nous passons d’une chronique sonique à l’autre du RER à la première classe feutrée du TGV Duplex. Je vous rassure (comme si la pauvreté était un critère de légitimité rock, comme tout le monde le sait aujourd’hui les vrais pauvres n’écoutent pas de rock, mis à part les punks à chien, mais eux ils font exprès de l’être), les places de premières étaient bêtement bien moins chères.

Alors voilà, je m’installe dans un de ces larges fauteuils bordeaux, je matte distraitement les filles du wagon, il faut dire que la clientèle y est plus intéressante que celle qui fréquente le RER aux heures de pointe.
Je me demandais alors pourquoi est-ce que souvent les riches sont plus jolies que les pauvres (c’est un avis personnel, mais bordel, dans les contes genre peau d’âne et compagnie, les pauvres filles sont quand même des putains de bombasses, m’enfin elles étaient pas habillés en survet’ et n’avaient peut être pas des yeux gonflées de soucis comme ceux de payer le loyer puisqu’elles étaient logées chez leurs tantes acariâtres).

Sur ces considérations sociologiques j’allume mon lecteur MP3 afin de me livrer à un banc d’essai technique avant que le train ne démarre.
Mine de rien, ces tests ne sont pas conduits à la légère comme peuvent le prêter à penser mes diverses divagations.
L’isolation par double vitrage est excellente, de même que la moquette assez épaisse amortit nombre de bruits extérieurs (jeu du châssis et des bogies du train) et intérieurs (les pas des passagers et de leurs sales gosses qui courent dans les travées, j’ai lutté pendant 1h15 contre l’idée de leur faire un sale croc en jambe innocent pour apprendre à vivre a ces sales fils de bobos gavés de Biolay et de Renaud dès leurs 3 ans).

Le seul bruit audible à l’arrêt est ce que je suppute être le préchauffage des motrices qui produisent un léger bourdonnement, vous serez plus à l’abri en vous plaçant en milieu de rame. Le départ se fait de manière tout à fait douce et l’augmentation des bruits de propulsions est vraiment raisonnable, (même les boms-boms de départ et d’arrivé sont sourds et feutrés) la régularité de ces bruits et leur faible niveau vous permettront par exemple de profiter pleinement des violons à la fin de « Satellite of Love » de Lou Reed.
Il va sans dire que des albums prodiguant un rock plus simple et plus péchu ne poseront absolument aucun problème, comme l’écoute entière de « Magic Potion » un album des Black Keys, dommage que à part le morceau « Your Touch » l’album ne soit pas réussi plus que ça, mais ça c’est une autre histoire. Bref, dans cet asile de calme privilégié, toute la palette de sons livrée par vos écouteurs sera parfaitement audible

J’étais assis dans le pont inférieur d’un TGV à deux étages et les seuls deux ombres au tableau se font au niveau du croisement avec un autre bolide pesant plusieurs dizaines de tonnes filant à plus de 200 km/h) à un mètre de vous.

Le fort sifflement strident se répète 3 ou 4 fois entre Paris et Le Creusot, heureusement, à cette vitesse il dure moins de deux secondes, mais quasiment rien n’est clairement audible, même avec un casque plutôt bien isolé.
Le deuxième problème se situe au niveau de la finition intérieure, pendant certaines phases de modulation de vitesse, la vibration légère des fauteuils entre en résonance avec celles des panneaux muraux et ceux des encadrements de fenêtres.
Cela crée pendant quelques secondes des claquements secs, comme ceux d’une mitraillette à un niveau assez élevé pouvant vous pourrir le final de « Loving Cup » des Stones où les choeurs sont juste bouffés.

Mis à part ça, la première classe du TGV remporte haut la palme, tant son niveau d’isolation acoustique est sans égal comparé aux autres trains testés, ceux-ci sont donc relayés au rang de simples wagons à bestiaux.

Rassurez vous, au retour j'avais une 2eme classe, que je chroniquerais aussi, en prenant bien sûr soin de vous détailler ma théorie de l'abaissement des classe sociales inférieures par le biais des échafauds et piloris modernes que sont les horribles rayures jaunes pipi et bleu lagon présentes sur les sièges.

vendredi 11 juillet 2008

The OC : The Original Copperhead

Hier soir, le fond de la nuit était tiède, vous avez, ce genre de nuit qui vous rendent soucieux et vous enveloppe de leur torpeur chaude et poisseuse.
Un peu comme quand vous faites l’amour, sauf que là vous êtes seul à vous retourner dans tous les sens sans avoir une traître chance de trouver le sommeil.
On tombe alors dans un état de demi conscience embrumée et on cauchemarde.

Personnellement, j’ai rêvé que j’étais un GI dans la tourelle d’un tank à Bagdad, et le pire, c’était que j’adorais ça (sûrement un des effets de ces amphétamines de guerre top secrètes).
Je dégommait béatement des insurgés (ou des civils, peu m’importait) à coup d’arme automatique télécommandée avec une joie sadique malsaine.
Comme dans un jeu vidéo, viseur digital et vision nocturne. Un mec au coin d’une rue avec une arme automatique, j’ajuste et BAM ! Un obus de 20 mm l’engloutit dans un nuage de fumée et de poussière qui le vaporise immédiatement. Rebelote avec un autre quidam KABOOM ! Une jambe en moins et il s’étale sur le bitume, considère sa jambe manquante de manière incrédule, gigote un peu et KAZAM, plus qu’un trou béant. Dérangeant non ? A coup sûr le contre coup de valse avec Bachir.

Un aspect important de cette incroyable (et pour le moins politiquement incorrecte) expérience était que comme tout bon péon californien qui se respecte, j’écoutait à plein pot le seul et unique album publié de Copperhead, grand groupe de rock local, dont la reconnaissance se borne injustement aux frontières de ce pays - état.
Il faut dire que la profusion de bons groupes de hard rock au début des années 70 ne les a pas aidé, en dépit de la notoriété déjà acquise de certains membres de ce combo.

Un déficit de connaissances bien malheureux que nous allons tenter de combler ici.

Une formation un peu cousine de nos adorés Flamin Groovies, la passion pour le rockabilly en moins et la virtuosité soliste insolente du très sémillant baba cool John Cipollina (Un ex combattant du Quicksilver Messenger Service dont le son de guitare bien reconnaissable a marqué son époque, perso je l'aime bien mais je le trouve un peu énervant à la longue).
Un bretteur hors du commun, vêtu de chemises à fleur col pelle à tarte chatoyantes, gratouillant les cordes de sa SG Custom à l’aide de picks à doigt à la manière des joueurs de banjo.

Le vieux John avait marre des pérégrinations feignantes des QMS, passant leur temps en vacances à Hawaii (véridique) et tirant un peu trop sur les spliffs en dédaignant les sessions entre amis que notre homme adorait.
C’est déçu qu’il quitte sa formation et retourne seul dans sa bonne ville de San Francisco, bien décidé à durcir encore son rock et produire enfin un album solo. Pour se faire il met sur pied une équipe composée de vieux amis et de musiciens d’expérience Jim Mc Pherson aux guitares et clavier (ex- Stained Glass), Gary Philippet aux mêmes instruments (ex- Freedom Highway), le discret Dave Weber (il est à présent agent immobilier dans le Connecticut)à la batterie et le requin de session Hutch Hutchinson, ils seront à présent Copperhead (pas le groupe de rock sudiste débile des années 90).

Les premières répétitions et concerts s’enchaînent tant et si bien que le groupe finit par réunir un public de plus en plus large, ce qui, il faut le dire attire l’attention des maisons de disque.
Columbia décroche la timbale et le groupe entre en studio en Octobre 72.

Ce premier album éponyme est un véritable témoignage du format d’album typique des 70s, contenant moins de 10 chansons taillées pour le sillon de vinyle.

L’ouverture de la première chanson donne le ton : les cordes méchantes sont de sorties, une voix adolescente énervée prend les devant, sur une rythmique heavy et le son sonne…résolument garage, une trahison envers les hippies de la région. L’ensemble sonne comme un crash de Ford Mustang en plein désert. La chanson parle d’un nouveau sport, le Roller Derby envoûtant le office dude de base, désirant tout sacrifier, femme et enfant compris, pour habiter à Oakland, de l’autre coté de la baie, la ville des bombers, son équipe vénérée.
Une chronique de la vie moderne, à mon avis fortement inspirée de la nouvelle de l’époque Rollerball Murder dont sera adapté par la suite le film RollerBall, premier du nom (qui a d’ailleurs traumatisé durablement mon père, alors adolescent, rien que les affiches, résolument 70s sont un vrai délice).

Le deuxième titre « Kibitzer » rend hommage au grand Hendrix, rien de moins, avec jeu de guitares flamboyantes, solos interminables et effets stéréos et électroniques balbutiants.
Le morceau suivant « Little Hand » louche le plus vers l’ambiance piano bar limite Beatles, il semblera manquer de saveur pour l’auditeur contemporain, autant le dire.

Cependant ne désespérez pas après ces deux prestations qui, il faut le dire, manquent de personnalité.
La piste suivante est tout bonnement excellente « Kamikaze » décrit à la perfection des derniers instants et états d’âmes d’un jeune kamikaze en vol pour sa dernière mission. La guitare languissante de Cipollina et ses trouvailles japonisantes (cloches et cithares) rendent à merveille l’ambiance du moment, fait d’exaltation aveugle et résolue et de terreur pure. Le tout se terminant sur une apocalypse sonore tirée d’archives renversantes. Le plus est que le songwriting est étayé par des paroles crédibles, car note guitar hero était, à l’instar des Ramones, passionné par la seconde guerre mondiale.

Le pas suivant empruntera une voie que nous pourrons qualifier, en tant que musicologues amateurs avertis de Flamin Groovienne à base de piano Jerry Lee Lewis, de rythmique fainéante et de méchantes attaques guitares voix cassées déchirantes, comme si la guitare voulait faire sauter les étoiles de la voix lactée unes à unes. C’était « Spin-Spin » messieurs dames.

On a le sentiment que enfin le diesel Copperhead chauffe et les accélérations donnent des frissons. On en a la preuve avec « Pawnshop Man » littéralement, l’homme préteur sur gages qui commence langoureusement et se durcit, puis finit sur des cathédrales de chorus échardées de guitares croisées qui vous emportent vers un Everest sonique dont la crête s’estompe progressivement dans le brouillard de nos perceptions.

Je suis désolé mais« Wing-Dang-Doo » me rappelle encore les Beatles époque « Don’t you know it’s easy » blablabla. Et le titre de rime à rien, Dylan, je n’aime pas énormément ce mec, mais il m’a influencé sur le titre de choix particulièrement pertinents. Ce con n’a pas loupé son coup alors j’imagine. Merde.
Oulala vous aller trouver que je suis un peu dur, le maniaque de service qui rêve qu’il tue des gens, mais pourtant j’adore ce groupe, un peu comme le jury de la nouvelle star (c’est facile, ils aiment tout).

Enfin ne soyons pas soupe au lait car le groupe reprend la main avec «They're Making a Monster », chanson faite de diverses variation rythmiques bluesy très bien faites.
San compter avec la voix légèrement réverbérée façon Moïse dans le désert, une véritable chanson suintant la solitude mentale réelle et complète.
La dernière chanson « Chameleon » ressemble encore diablement à une Beatleserie à la sauce américaine réalisée par les Groovies , et heureuse de l’être.

Le constat final est désarmant, on aimera, ou au moins on éprouvera de la sympathie pour se combo attachant et talentueux dont le deuxième album (pourtant fini) n’a jamais été édité par Columbia.
Mais l’auditeur moderne, et par essence impatient sera peut être vite lassé par quelques solos, qui, si géniaux soient-ils paraissent parfois encombrants, et une personnalité générale encore à creuser, manquant encore de maturité, la franche tentation à la comparaison facile pour une moitié de l’album en est la preuve.

Le parti pris courageux du groupe, celui de produire une musique dure et planante à la fois se heurte au poids des années, le dur reste merveilleux, mais les entrelacs aériens un peu longuets se flétrissent avec le temps, mais il n’y a pas de regrets à avoir, ils ont au moins eu le courage de tenter. Essayer c'est déjà arriver comme dirait l'autre.

L’auditeur moyen, charmé et attendri roulant sur la highway 101 ne peut que penser avec émotion à ce que serait devenu ce très bon groupe, avec quelques années de plus au compteur.
Le rock, c’est souvent comme la vie: 1% de merveille pure et 99% de gâchis.
Oulà, je me mets à la philosophie de comptoir, il est temps que j’arrête pour aller regarder Koh Lanta.




mercredi 2 juillet 2008

Rocking with Bachir

Bon, ben c’est les vacances, personne ne lit alors je me permets de faire ma petite minute ciné club. Attention… C’est parti !

Je vous conseille vivement de courir aller voir « Valse avec Bachir », un magnifique film d’animation israélien réalisé par Ari Folman. Co-produite par Arte, signe habituel de qualité.
Une plongée dans ses souvenirs et ceux de ses camarades déjà presque oubliés.Oubli dont la cause n’est pas une mémoire défaillante, mais bien un principe de protection mental naturel, chargé de faire oublier les traumatismes subis durant la guerre du Liban.

Le fait d’avoir choisi un procédé d’animation ne retire rien à la fore de ce poignant récit et est parfait pour illustrer les instants d’onirisme et la poésie, les souvenirs passés dans toute leur candeur, et la fantaisie fantastique entretenue dans les rêves du héros.

Le tour de force est de le faire sans passer sous silence, ni réduire la portée des milliers de drames humain vécus lors de chaque guerre, quel que soit leur camp.

On donnera une mention spéciale à une excellente bande originale, composée de créations dédiées, de très belle musique classique et bien sur de bon vieux rock, comme pas exemple la présence de « This is not a Love Song » du grand groupe des 80 Public Image Limited.

On aura aussi la joie de déguster du rock israélien local (en hébreu dans le texte!) avec le morceau « Beirut » (dont le clip est proprement in-croy-able), calqué sur le titre du groupe Cake « I Bombed Korea Every Night » par le vieux rocker en colère Zeev Tene bien connu pour ses dénonciations et provocations volontaires assez réjouissantes. On se souvient de « Germans » où il dénonçait la manière de ce comporter avec ses voisins directs.

C’est sûr que grandir dans un pays entouré d’ennemis qui jurent depuis 50 ans de vous détruire et de faire un service militaire de 2 ans à surveiller un checkpoint Cisjordanien en attendant q’une camionnette kamikaze ne s’amène pour vous faire péter ça doit rendre assez rock tout de même.
Remarquez que vivre au chômage dans un camp de réfugié, derrière un mur de béton de 5 mètres de haut avec des coupures d’eau et d’électricité toutes les heures et avoir sa baraque détruite par des bulldozers pour un oui ou pour un non ça doit faire le même effet.

De toute manière je suis bien top malin pour choisir un camp, vous viendrez me voir quand vous serez calmés.

Regardez nous avec les allemands, on a passé un siècle à se foutre sur la gueule (deux putains de guerres mondiales format big size, tout le menu avec effet XL comme on dit que Quick, excusez du peu les mecs) et maintenant on est les meilleurs copains du monde.

Hey Rock & Folk, il faut le chercher au moyen orient, être rock en 2008.

Quand en France, dans le courrier des lecteurs ont peut lire des trucs du genre « être rock en 2008 c’est se balader torse nu sous la pluie pour retrouver son amoureuse, porter un perfecto, rouler en vespa custom avec un sticker « BB Brunes » ou ne pas porter de basket Adidas… ».

Imaginez le Rock & Folk édition israélo-palestinienne:

« Cher R&F, être rock en 2008 c’est continuer à faire la danse kung fu de Ian Curtis quand une roquette artisanale du Hezbollah tombe dans ma cuisine ».

Moshe, Sdérot

« Cher R&F, être rock en 2008 c’est accueillir pendant un raid de nuit les chars de Tsahal au son de Problems, chanté par les Sex pistols, toutes bafles dehors ».

Youssef, Jénine

« Cher R&F, être rock en 2008 c’est de tirer sur les snipers pro syriens en écoutant Guns on The Roof, du Clash »

Bachir, Beyrouth

Etc…ça changera de ces tarlouzes qui se la pètent.

Enfin, toutes ces digressions pour dire que ça fait chier à la fin quoi.Mais le film vaut vraiment le coup. Allez, au lit maintenant, sans se baguarrer.

vendredi 27 juin 2008

Noir c'est noir...

Il faisait beau et chaud, maintenant il fait froid et le temps est moche. Une chape de nuages de plomb semble écraser nos têtes. La pluie délave une énième fois les murs de briques et dévale sur le bitume gras et luisant avant de dégouliner par flots irréguliers dans le caniveau.

Nous sommes à présent fin prêts pour écouter Joy Division.

C’est un groupe de caractère, comme les camemberts à la télévision, ils puent la tristesse et la mal être mais sont quand même délicieux. Je ne ferais pas à ce grand groupe l’injure de le comparer à un fromage à pâte molle, si noble et délicieux soit-il, mais c’est le principe que je voudrais juste illustrer.

Pourquoi se pencher sur un groupe si sombre et cafardeux, évoluant dans un délire et une ambiance si noire et claustrophobe ?

Pour la bonne et simple raison, que depuis Baudelaire, on sait que les diamants sont parfois noirs. De la même noirceur dont était voilé le cerveau épileptique de Ian Curtis, trop réactif aux émotions et à la lumière blanche. Un rocker poète torturé, et gaspillé, éreinté trop tôt par la vie et ses affres, un mariage trop tôt ainsi qu’une petite fille trop vite arrivée. Mais réduire Joy Division à son chanteur à la voix caverneuse ne serait pas juste. Il faut souligner l’importance de son groupe, plus qu’affûtés, méchants et froids comme une lame de scalpel, à la rythmique irréprochable. Avides de vous faire connaître des plaisirs inconnus, qu'il ont continué à explorer par la suite sous le nom de New Order.

Ce premier effort démarre en trombe, avec un morceau bouleversant, « Disorder », un appel déchirant à l’amour paternel et filial d’un jeune homme désespérément seul et perdu. La rythmique sèche bat comme un cœur serré, étouffé par la tristesse et le temps qui s’enfuit, dont l’aorte est déchirée par les saillies de guitares coupantes rêches comme le bitume mancunien. Le ton est donné.
« Day of the Lords » ressasse encore les interrogations sans fin du jeune Ian sur la vie, ses mystères et sa quête insatiable de vérité, sur un ton martial et solennel de mage lunaire.
Notons ensemble comme la voix est enterrée dans le mix, donnant à tout l’ensemble un aspect lointain et éthéré, « Candidate » est la meilleure façon de s’en rendre compte tant l’instrumental est dépouillé et minimaliste. On y parle de mort, d’isolement et de moment fatal, dures prémonitions si il en est. « Insight » est l’occasion de se rendre compte des premières expérimentations synthétiques et électroniques menées par le groupe, comme l’intégration au morceau de grands fracas et de buzzements étranges.
Il en sera de même sur « She’s Lost Control dans lequel le sépulcral Ian nous raconte la première crise d’épilepsie à laquelle il a assisté dans les locaux de l’ANPE où il travaillait.

L’auditeur averti saura que les « pschits » ne sont pas des sons de batterie électronique mais bel et bien le sifflement d’un spray actionné en rythme par le batteur Stephen Morris.
Ces expérimentations, bien que novatrices et importantes n’occultent pas la prépondérance classique et traditionnelle de la basse droite de Peter Hook.
L’intro de « Shadowplay » est le moment de s’extasier sur la finesse du martelage de ride du batteur, un court répit avant la violente attaque de guitare du toujours cravaté Bernard Sumner, tombant d’abord comme un parpaing, pour remonter parmi les ondes et tout démolir de nouveau. Notre ami Bernard avait retenu les leçons du punk, cultiver des lignes simples et aiguisées. La cohérence du mouvement new wave est d’ailleurs telle que l’on croirait les deux minutes et quelques de « Interzone » sorties d’un album de Wire ou du Gang of Four de par les voix écorchées présentes et leurs tresses mélodiques rageuses.
On croirait aussi « Wilderness » tout droit sorti des grands PIL, la voix réverbérée raisonnant comme dans un bunker berlinois de 1945.

Dans « I Remember Nothing », Ian Curtis parle ouvertement de sa maladie, à savoir l’épilepsie, engendrant malaises, crises et instants de grande faiblesse, sans compter les effets secondaires des médicaments, comme les hallucinations et des pertes de mémoires.
Son monde à lui, noir et brumeux, sa douleur nous est difficilement accessible, tant elle est ressentie profondément dans sa chair.

C’est ça dans le le fond, tout l’essence de Joy Division, transformer des sensations ténues et passagères (pour les moins dépressifs d’entre nous) en une explosion glacée émettant d’aveuglants rayons de lumière noire.
Finalement, Romain Gary nous a donné la promesse de l’aube, Joy Division nous a offert la promesse du crépuscule. Libre au fantôme de Ian de la tenir.

vendredi 20 juin 2008

De Paris à BX en péniche

Bon alors voilà, je plaide coupable, parce que le rap est le nouveau rock ou alors que le rap est l’ancien rock, je ne sais plus très bien. Je me permets d’en parler dans les augustes colonnes de ce blog que personne ne le lit de toute manière en dépit de sa verve originale et de sa profusion créative plus que manifeste.

Puis ça me donnera enfin une occasion de parler de quelque chose de positif et de lancer quelques ponts entre deux mondes si enclavées et ignorants les uns des autres. Ceux du rap et du rock, gangrenés par leurs clichés respectifs. Délinquance vulgaire, ignorance crasse et souillure de la langue pour les premiers et rebelle attitude maniérée et stylisée, ghetto parisien de riches bien nés et chochottes prétentieuses pour les seconds.

Et bien j’ai pris mes petites jambes potelées de rock critic à deux euroballes et je me suis rendu au Batofar, haut lieu a la fois rockistique et rapistique fort sympathique, tout un symbole en soi, comme Torgau sur l’Elbe en 1945 où les troupes Américaines et Soviétiques se donnèrent la main juste avant de vaincre le nazisme.

Le fond de l’air était moite sur le quai de Seine, la température était bonne, j’allais pouvoir goûter à un bon vieux concert de rap.

Le set a débuté de manière pour le moins nonchalante aved DJ Tip balançant de bon vieux beats old school à la Sayan Supa Crew et autres Wu Tang Clan, juste le temps de faire monter la température au niveau idéal..
Quand la salle fut chaude comme un panier vapeur vietnamien le petit crew de la Section Style 7 (SS7 pour les intimes) composé de Filiss et Blacka débarque sur les planches la rage au ventre, fermement décidés à faire péter les watts, remuant les mains comme des napolitains sous speed et aussi sautillants que Bruce Lee période Frelon Vert.

Ils faut dire que ces loustics hip hop qui ont débarqué de Bruxelles il y a quelques années ont de l’énergie a revendre, toujours guidés par les principes humanistes et philanthropes qui ont guidé depuis longtemps la capitale belge. Le tout en balançant quelques vannes casual gangsta oscillant entre premier et dix millième degré.
Autant dire qu’ils font tourner leurs classiques avec une aisance de vieux routiers du rap, rigolards et peut être un peu moins alcooliques que les originaux.
Ce qui n’est pas pour déplaire à salle, composée d’habitués mettant les mains au moindre prétexte, que ce soit sur « J’suis Speed », « Underground » ou le cheval de bataille indétrônable « De Paris à BX ».

Une mention spéciale à une nouvelle composition « Dans Dix Ans » avec son instru rétro- futuriste, une sorte de rap tout droit sorti de 2001 l’odyssée de l’espace et de Rencontre du Troisième Type pimentée de scratchs. La bande son de bienvenue d’une société martienne idéale, d’une bande terriens déjà installés sur une planète rouge hip hop. Sans oublier des textes dénotant une poursuite désespérée de l’absolu récurrente chez la section.
Et cela fait du bien.

Ce sont finalement eux les nouveaux romantiques, emprunts d’une urbanité rêveuse et contemplative, quasi engloutie par l’univers. Le rap jeunes gens n’est qu’une histoire de poésie. Lisez MC Verlaine, un gangsta du XIX eme siècle.

vendredi 6 juin 2008

Le des(s)ert culturel ou pourquoi tirer son coup avec une tecktonik ?

J’en ai marre. Non. Nous en avons marre. Ou vous devriez en avoir marre. De toutes les sornettes et inepties que l’on raconte à la radio, à la télé, dans les journaux, même parfois dans ces colonnes.

Des mannequins chantent leurs t-shirts préférés, des stars télé écrivent des livres (souvent leurs biographies), des culs de jatte dansent chez Sébastien.

Bordel, quelque chose ne va pas dans ce monde pourri, la culture se meurt, noyée dans un ennui abyssal qu’elle a elle même provoqué.

Un ennui de salle d’attente- linoléum, miteuse, stérile et morne, personne à qui parler, même pas un tabloïd sur la table basse.
Juste une brochure cartonnée grasse et crasseuse sur l’hygiène bucco dentaire avec des coupes dégueulasses. Rien d’ intéressant.

Cette époque est merdique, à l’ombre d’Internet et des frontières abattues. Je n’ai vécu aucune autre époque, certes, mais je fais un bilan historique rapide :

50s : hot rods, drive in & rock’n’roll music
60s : rock and roll, mods, firsts supergroups
70s : last supergroups, punk revolution
80s : new wave, noise, lo fi, rap
90s: grunge, rap
00s : metal…boys ands, techno

La chose parle d’elle même, cet appauvrissement est vérifié, et si vous avez des suggestions positives à faire pour compléter la catégories des 00s, n’hésitez pas.
Je n’accepterais pas les catégories nouvelle chanson française et ska festif politisé.
Si vous optez pour electro et pop, veuillez préciser dans le courriel les références.

Ce constat est triste, si vous voulez vivre à deux mille à l’heure, avec un travail à coté, il ne vous reste que le jazz et la musique classique.
Mais ça, tout le monde le sait, c’est bon pour les vieux.
Si vous êtes jeunes, il ne vous reste plus qu’à aller traîner au Métropolis et danser la teckonik®, oui, car évidemment, maintenant, les gens normaux ne dansent plus sur de la musique (ou ce qui y ressemble), mais sur des marques déposées.

Créee dans des bureaux de style d’entreprise, marquetée et conditionnée pour que la substantifique moelle y soit gobée, les yeux fermés par une bande de gosse qui n’y peuvent rien. Oui, car nous sommes des pauvres gens sociaux, qui ont peur de l’absence des autres, alors on se retrouve dans des bars et sur des dancefloors débiles pour s’efforcer à croire qu’on est en vie.

« Quand j’étais né, j’étais déjà mort » a écrit Chateaubriand, et bien là mes amis, que vous le vouliez ou non, c’est pareil.

Notre coefficient de fun a atteint celui d’un aristocrate normand mystique du XIX eme siècle.

Donc, allons y, décorons nos chambres de néons fluos et de papiers d’aluminiums.
Dansons nous aussi sur une marque de divertissement auditive (ah oui, c’est comme ça que l’on appelle la musique maintenant, par exemple Rock®, déposé bientôt par AOL Time-Warner).
On dansera à en crever sur de la teckonik®, comme dans « On achève bien les chevaux », pendant des heures jusqu’à épuisement pour gagner un t-shirt ou un CD de compilation.

Les meilleurs et les plus chanceux d’entre nous pourront sortir avec une déesse teckonik® résidente au Spoutnik, la boîte de nuit n°1 de la région de St Omer.
Vous pourriez éventuellement tirer votre coup à la sauvette dans sa chambre à l’étage, en montant la musique pour ne pas que ses parents ne vous entendent.
Avant de recommencer, encore, le lendemain matin lundi chez votre employeur, une grosse coiffeuse de Douai conne à mourir.

Oups, mais attendez, le futur c’est maintenant.

PS: l'image n'est pas une poussée scatophile aiguë de ma part mais bel et bien un gâteau au chocolat que votre serviteur a mangé dans un boui-boui de St Petersbourg. Véridique.

mardi 3 juin 2008

Rupture tranquille

Beaucoup, d’entre vous seront d’accord avec moi si je dis que la musique pop est à la Suède ce que le bon vin est à la France, ce que la culture d’opium est à l’Afghanistan, ce que la mine antipersonnelle est au Laos.

Bref, en un mot comme en cent, une spécialité locale.

Les plus âgés d’entre nous se souviendront avec émotion des vertes années ABBA, celle ou la déferlante nordique tombait, tel le marteau d’Odin sur toute l’Europe et le reste du monde, n’épargnant que peu de victimes, réfractaires au disco.

Et bien mes amis, cette vague pop acidulée léchée et mélodique est en passe de faire son retour, certes sans les chemises à jabot et platform boots, mais avec des kyrielles de notes et des mélodies soft et entêtantes qui entrent en vous avec la douceur d’un bon sauna et la détermination d’un guerrier viking.
Les messagers du nouvel âge sont ici des filles (vous connaissez mon obsession pour les girl bands) dont le nom est à la fois poétique et porteur de promesses, les Sahara Hotnights, ou Hotnights tout court pour les intimes.

Quatre filles que l’on avait connues quelques années plus tôt, un peu plus énervées et rentre- dedans. Les plus curieux d’entre vous se pencheront sur le pas mal « Jennie Bomb » (que je trouve un peu trop formaté FM cru 2000’s) et le très bon « Kiss & Tell ».

Cet effort récent daté de 2007 constitue une sorte d’intéressante alchimie, car le groupe a muri et a pris davantage confiance en lui.
En résulte une couche de reverb moins lourde, un son plus clair typiquement nordique, une voix plus maîtrisée, des mélodies simples et des arrangements extrêmement chiadés.
Cependant attention, même si le chat ronronne, il sort parfois ses griffes, renouant avec les bases rock d’antan.
Mais bon, le virage pop est assumé et proclamé, ne vous attendez pas à autre chose qu’à des histoires d’amour et de solitudes très bien racontées certes, mais un peu répétitives à la longue.
Le pari est gagné en termes de profondeur et de complexité musicale, les mélodies efficaces sont servies par moult percussions, pianos, orgues, guitares acoustiques et saxophones.
On regrettera des petites sorties critiques alors bien présentes avant.
Toujours assez classes et polies mais bien senties (petite chasse au trésor pour toi ami lecteur : saura tu trouver la merveilleuse chanson « Model A » présente exclusivement sur le pressage japonais de « Kiss and Tell »? Un conseil, cherche du coté des myspaces non officiels consacrés au groupe). Enfin, que disent ces chansons ? Que valent elles ?

En écoutant « Visit To Vienna », vous comprendrez de quoi je parle en comparant ces demoiselles avec les vénérables ABBA. Le tempo est enlevé et les canons vocaux légions dans cet appel au week end de folie que l’on va passer à Vienne, à croire que l’album est sponsorisé par l’office du tourisme autrichien.
La voix de Maria Andersson colle bien et les guitares grattent.
Comme son nom l’indique bien « The Loneliest City of All », est une balade mélancolique épistolaire écorchée (mais pop amère) aux accents japonisant, en effet un amant écrit à sa petite amie de Tokyo. Qui se sent finalement le plus seul ? Lui ou Elle ? Des airs de Lost in translation flottent sur ce morceau.
La piste numéro trois « Salty Lips » est une charge, à mon goût un peu vaine sur les ragots en tous genre et ceux qui les profèrent. La mélodie est sympa et les moments d’accalmie sont un véritable terrain de jeu pour Johanna Asplund, la petite bassiste talentueuse et bien mignonnette…enfin je m’égare.
Le piano et les vibratos boisés de « Neon Lights » illustre parfaitement les petites touches d’impressionnistes ajoutées au cours de la production de cet album.
La rythmique syncopée de « No for an Answer » et son tempo lent marque un pas de plus dans le partis pris pop, tout comme les petites notes de mandolines toutes calabraises.
La limpidité de la voix de Maria est aussi étonnante, les histoires d’amours déçus sont décidément inépuisables.

« Cheek to Cheek » arrive ensuite, plus punchy avec sa grosse caisse proéminente, la mélodie est entraînante et épurée, mais bon je suis pas dans les fans extrémistes de Dylan qui pensent que les textes doivent commander la mélodie mais quand même, encore une histoire d’amoureux jouant des rôles. J’ai beaucoup de sympathie et de respect pour ces demoiselles, mais bon je ne sais pas moi, pourquoi ne pas raconter autre chose, comme ses vacances ou une balade nocturne ? Un peu d’originalité romantique que diable, même si je suis sale gosse sur les bords.
La chanson suivante « Getting Away with Murder » est un bijou de classicisme fondé sur line up format Saturday Night Live.
Très Costellien, le côté girly de la douceur en plus, et il est du plus bel effet, à grands renforts de breaks de batterie péchus usinés par la grande blonde Josephine Forsman et d’un saxophone surfant sur les refrains. J’en suis presque à la réhabilitation de cet instrument qui a pourri les 80s.
Le chiot, ou autrement dit « Puppy » annonce le retour des guitares acérées de Jennie Asplund (la soeur de Johanna à la ville) riffant de manière nonchalante sur un fond rythmique de cow bell irrésistible. Les excentricités vocales de Maria et le upper tempo montrent qu’elles n’ont rien oublié de leurs jeunes années. Une énergie sans façon et bien maîtrisée qui amène une bonne bouffée de fraîcheur.
La piste suivante « Static », une ballade un peu country made in Gotebörg lorgne du même côté et ça fait du bien, même si le thème reste le même.

Et si c’était cela, un concept album intelligent du 21eme siècle ? Comme si l’on prenait enfin le temps de s’arrêter sur les choses et de s’appesantir un brin dessus, de les mâchouiller sans fin, comme une vieille rupture, à la manière de Van Morrison ou de ces romanciers russes.
Après tout, telle est la question ”What if leaving is a loving thing”.
Une question qui vous reste collée au palais, douce et amère comme le souvenir d’un vieil amour.