dimanche 27 avril 2008

Villeurbanne rock city

Ah, les beaux jours arrivent ! A nous les glaces sur les bancs publics, les jolies filles dans la rue bien trop belles pour nous et l’ennui qui cogne dur, comme le soleil.

Tiens, tiens, comme de par hasard, une vision fort Star Shooterienne de la vie et des affres de la jeunesse en particulier, mise en boite dans de grands ensembles immobiliers déshumanisés. Condamnée à l’ennui et au chômage, tournant en rond comme le booster 49.9 cm cube du kéké du quartier, partageant avec le voisinage (nous en l’occurrence) les 155 décibels de son nouveau kit d’échappement Malossi 19 pouces.

Le groupe de lycéens lyonnais voit le jour au cœur de l’infernal été 1976, écrasés par l’ennui mortel et le soleil rhodanien avec un seul mot d’ordre, sorti directement des lèvres du leader Kent (d’ailleurs aussi anglais que je suis kazakhe) « On veut jouer vite et fort, et les vieux rockers nous font chier ».

Le groupe soudé répète comme des forçats dans un hangar désaffecté voué à la démolition, en compagnie d’autres gloires locales comme Electric Callas et Marie et les garçons.
La technique que ces jeunes n’ont pas, s’échange comptant contre une énergie débordante et un humour aussi second degré que ravageur.
Les premiers concerts amateurs et improvisés s’enchaînent et un premier papier arrive, rangeant le groupe aux cotés des punks, au grand étonnement des principaux intéressés, qui ne connaissent même pas ce mot !
La machine Starshooter se met en marche, signée par Pathé Marconi elle avance tel un Panzer de la bonne humeur, à grands coups de 45 tours, de scandales désopilants et de provocations réjouissantes.
On retiendra de mémoire les publicités, toutes plus grinçantes les unes que les autres, sans parler le leurs produits dérivés( « Nous livrons nos T Shirts « Starshooter c’est de la merde » déchirés, troués et sales pour un supplément de 2 francs » ).

L’attitude y est mais la musique alors ?

Elle est parfaite, pour vous, pour moi, jeunes gens désabusés qui s’ennuient à leurs balcons et dans leur chambre, dans la rue comme à l’école.
Pas intello ni condescendante, comme ce rock anglo saxon qui certes, vous prend au tripes, mais qui est loin, si loin…
Le rythme déménage, les chansons dansantes, coupées au cordeau, les paroles (souvent hilarantes) sentent le vrai et le bitume tiède, bref le ton est juste.
Un chant scandé d’une voix rauque et inexpérimentée, porté par des instruments en roues libre.
Le groupe sera loué par Gainsbourg himself, suite à leur reprise du « Poinçonneur des Lilas ».

Pourquoi cet album alors ?

La raison est simple, « Inoxydable » est la compilation la plus complète et la plus astucieusement panachée du lot des (rares) rééditions musicales livrée par EMI, réunissant titres de singles, l’albums, lives et raretés en bonus.Et la seule approuvée par le groupe.
On notera quelques points faibles comme la redite provoquée pas certains lives ou versions alternatives intéressantes mais chassant d’autres très bonnes chansons comme « Collector » ou « Encore Compter, Toujours Compter ».
Les chansons reprennent globalement leur ordre chronologique de sortie, au début la pêche totale et l’hystérie « Quelle Crise Baby » envoyée à deux cents à l’heure raconte l’histoire d’un looser voyant tous ces amis et ses connaissances se suicidant tour à tour autour de lui.

« Get Baque » un brûlot dédié aux Beatles, descendus en flammes pendant 2 minutes 30, avant goût : « Yen a marre des Beatles et de leur musique de merde, bonne à faire danser les minets… ». Il fallait oser à l’époque, surtout lorsque l’on venait de signer dans la maison desdits Scarabées (le single fut retiré des ventes en une semaine sur ordre des gentlemen de Liverpool malgré un succès commercial).
Les lyonnais vont refaire parler d’eux avec un hit dans les charts français, le dansant « Betsy Party », morceau bon enfant et enjoué au riff killer, cité dans le classement de la vénérable compil musicale de Rock’n’Folk.

L’ennui adolescent a aussi sa place avec « Inoxydable », narrant le quotidien d’élève en lycée technique et « Week End » innovant avec sa guitare acoustique, et décrivant de manière féroce les milles et uns faits composants le week end de banlieusard lambda.

La dure vie urbaine est fort présente parmi ces 35 titres avec « Affichage Sauvage », ode rock aux affiches et tags égayants « ces rues tristes comme un mauvais Delon… », « En Chantier » livre aussi la force brute d’un bulldozer démontant un bunker en violant les oreilles de l’auditeur, « A Toute Bombe » parle évidemment de cours poursuite endiablée et de baston.

Le beau sexe a aussi sa part de gloire avec « 35 tonnes », qui, sur une rythmique binaire (la cloche tout le long du morceau force le respect) et une basse langoureuse comte les aventures d’un bon vieux routier rencontrant une charmante auto stoppeuse sur la route d’Istanbul, vous vous imaginerez par vous-même la fin de l’histoire.
Le titre massacreur « Pin up Blonde » est assez évocateur pour ne pas pousser plus loin la dissertation.

On restera baba devant la reprise de « Sweet Jane » ailleurs introuvable rebaptisée en français dans le texte « Hygiène », dont les paroles sont hilarantes.
Dites moi s’il vous plait quels groupes français de l’époque connaissait l’existence de Lou Reed et du Velvet et si ils auraient eu le génie, l’audace (ou la bêtise assumée) de regraver un de ces morceaux en français avec des paroles désopilantes.
Pour la petite histoire, pour des raisons de droits, nos lascars l’ont enregistré sous le doux pseudonyme de Scooters.

La déconne n’est pas le seul point fort de ce groupe, une critique sociale et sociétale de la France et du monde assez maligne et nuancée pour être pertinente, sans verser dans l’auto flagellation, ni dans l’apostrophe larmoyante digne d’un mouton blessé anémique (dédicace à Saez).
Tout y passe, « Ma Vie C’est du Cinéma » très kung fu 80’s et le violent « Papillon de Nuit » sur le show biz où les drogués du milieu et les groupies en prennent du coup.

Même si les sonorités sonnent très dub et reggae 80’s peuvent paraître avec le temps dérangeantes, la plume de Kent, toujours trempée dans l’acide fait merveille.
« Quel Bel Avenir », « Nouvelle Vague » et « Machine à Laver » fustigent tour à tour la place faite aux jeunes dans la société, la société de consommation avec l’intelligence d’oublier les grands slogans habituels.
Il faut dire que ces titres interviennent à la fin de la carrière du groupe, les textes restent appréciables mais que la sonorité plus World et Pop alors à la mode est moins ma tasse de thé, avis aux fans de congas, saxophones, claviers et de slam de basse.
On ne crachera cependant pas sur « Congas et Maracas », chronique du pétage de plomb d’un chômeur récent dilapidant tout en boite de nuit (ou dancing) comme on disait à l’époque.

Voilà vous aurez sûrement compris en lisant ces lignes pour le moins dithyrambiques que vous devez absolument vous procurer cette galette, car vous êtes tous un peu des jeunes français ennuyés, ne vous déplaise.

Pour les amateurs de bons textes en français on suivra d’un œil attendri la carrière solo de Kent, chanteur dessinateur.

On pourra dire sans mentir que Starshooter est un des groupes français de l’époque les plus injustement oubliés et dévalués de l’époque, mais aussi certainement le plus attachant.

Bon je vous laisse, sur TF1 il y a un reportage sur une grand-mère karateka.

mardi 15 avril 2008

Swinging Singles

Il en est de la punk music comme de la vie, on en a qu’une seule mais on en parvient à s’en demander par quel miracle elle est peuplée de personnages si originaux et différents.

Le moins que l’on puisse dire est que le petit groupe au nom de farce lycéenne dénote dans la vague cuir et épingle à nourrice de l’époque, gravée à jamais dans un inconscient collectif à deux euroballes appelée culture pop.
En effet, avec sa prose romantique et ses chemises à jabot colorées, le cercle des poètes disparus de Manchester tord le cou à bien des idées reçues.

Puis on dira ce qu’on voudra, mais les singles punks de 2 secondes 30 étaient une super formule, sortant toutes les semaines, et aussi prestement pressés qu’enregistrés, permettant toutes les folies, de la blague grasse aux brûlots furieux.

Le tout disponible pour 10 francs Giscard, chez le disquaire du coin.

Il faut dire que dans ce domaine, les Buzzcocks excellaient, tout comme leurs compères Clash dans le domaine et, trop généreux dans l’effort, ils arrivaient littéralement épuisés sur leurs albums.
L’écoute, même distraite et parcellaire de cette anthologie suffira à vous en persuader.
C’est pour cette raison, délicieusement subjective que j’ai choisi de vous parler de cette Singles Anthology.
On ne se bornera pas ici à l’exercice fastidieux de la critique exhaustive de chaque chanson présente, nous allons juste picorer ensemble à ce roboratif buffet.
Séparons les bons grains de l’ivraie et bannissons les errances electro pop new waves maladroites bien que sincères et gardons les fulgurances mélodiques des poètes de Manchester.

N’y allons pas par quatre chemins, au sujet du CD n°1 : ne retenez que les singles repris sur la compilation I Don’t Mind The Buzzcocks ou plus récemment rééditée sous le nom original de Buzzcocks Finest, les imprécations mélodiques en valent le coup. On n’y rajoutera que le sempiternel « Orgasm Addict » pour l’histoire avec un grand H. Le reste étant insupportable pour un public non amateur, rien qu’ou niveau des feulements de voix pubères.

Dans le CD 2, le groupe marche dans la pop dégourdie, rien qu’avec la première chanson « Are Everything » et ses violons 80s.
Les imprécations poético futuristes de ces Beatles punk se matérialisent sur « Airwaves Dreams » avec une ronde guitares lointaines et lancinantes pas si éloignée de celles de leurs petits frères de Joy Division.
Pour vous en convaincre écoutez l’intro noyée dans l’ombre de la très sombre « Strange Thing », la filiation Mancunienne n’en devient que plus évidente.
Le cri du cœur « Why Do ou Know ? », saupoudré de saxophone (80s oblige) entraînera n’importe qui vers des sommets de nostalgie kitsch pré 1989.
Toute l’ambiance de ce disque illustre à merveille la glissade mainstream qui se rapproche ouvertement de Blondie, la très dansante « Serious Crime » est juste un appel à se bousculer sous la boule à facette, même si la reverb de caisse claire 80s est dure à avaler de la part de ces jeunes gens un peu plus expérimentés. Les quelques titres live glissés comme bouche trous rendent justice à ce groupe dont les guitares live énormissimes vous submergent violement comme une cuite au Gin encore fraîche.
« Inside » est une bonne tranche de classicisme, plus proche du live laissant de coté les orchestrations bizarres et les effets ampoulés de la plupart de leurs titres de l’époque, on y retrouve une touche de spontanéité et simplicité joyeuse fort plaisante.
Comme lorsque vous sortiez plus tôt du collège à cause d’un prof absent vous savez ?
La gueulade « Trash Away » peut être considéré comme un hommage aux Stooges à la sauce Anglaise.

Le CD 3 est juste un excuse pour frimer, contenant des lives, démos, une grande interview très instructive et quelques prestations plus récentes et amusantes comme « Thunders of Heart » qui sonne comme du Buzzcocks déguisés en Weezers dopés au Cindy Lauper.

On restera béats devant la rapidité de « Jerk » et ses cœurs, c’est dire le niveau technique atteint par le combo à la fin de sa carrière et le niveau respectable de ses titres récents comme « Sick City Sometimes » sorti en 2004.

Comme vous l’aurez sans doute compris à la lecture de ces quelques lignes que cette compil’ est d’abord réservée aux total fans des Buzzcocks et autres amateurs de bizarreries pop new wave, parfois un peu limite dont je fais à mon corps défendant partie. Mais bon, avouez le, à ce prix, 9€ pour 3 CDs, disponibles dans une chaîne magasins de produits culturels dirigée par un milliardaire anglais excentrique, que demande le peuple ?

Ah oui, pour le même prix, des pots de gels super-duper fixants ou une place d’UGC le week end pour Asterix et les Jeux Olympiques.

mercredi 2 avril 2008

Extra Deluxe record review #1:White dudes/Weird souls

Lighting my first cigarette

« Let’s listen to Pet sounds! » That sentence almost made me puke. Many albums released through that decade we now call the 60’s, are now considered revolutionary. Just google « sgt pepper’s lonely heart’s club band », « Let it bleed » or « Are you experienced » and you’ll get my point. Though i could have reviewed one of these loved-by-all album, and you’d have been thrilled reading about Strawberry fields or Good vibrations, it somehow didn’t make any sense to me. You know these songs, those guys in Japan, Canada and Russia do too, and we all know why billions of copies were sold.

But have you even heard about « Loaded » ? Of course, that banana rings a bell, but could you sing-a-long « european son » ? The Velevt Underground are, still today, an incredible source of inspiration, full of unsolved mysteries, beautiful songwriting and a musical approach that was rarely toped in more than 40 years. This is why i chose to review « White light/white heat », The Velvet Underground’s second album, realeased in June 1968.

I’m gonna start with a few reminders. The Velvet Underground was formed by Lou Reed, a young druged up new york songwriter stuck in some 2nd hand record company forcing him to write catchy songs for made-up one hit wonders, and John Cale, an experimental musician who already had his share for enriching musical experiences (an 18-hour piano-playing marathon for Erik Sati for example). They were joined by Sterling Morrison on rythm guitar and Maureen « moe » Tucker on unorthodoxe drums. After two years finding their sound, in 1967, sponsored by Andy Warhol and all his genius and/or idiotic money sucking friends from the factory, the Velvets released their first album « The Velvet Underground & Nico ». A financial disaster. Though it gave the Velvets a great opportunity to ride upon new york’s chic avant garde scene, play in downtown halls filled with annoying artists, bohemians and sexually-disturbed junkies, Andy Warhol’s influence on the velvets probably was inadapted. Too restrictive and guided by a pretentious sense of creativity led by a smallish part of wealthy deviants and coked up New York artists. Lou, John, Sterling and Moe had to set free. Leaving the factory and the plastic inevitable, the four young fellas started working on some new tracks.

Lighting my second smoke, almost running out of coca-cola

Unbrided and looking for unexplored musical territories, the velvets recorded « White light/white heat » within two days. Unlike most of popular bands of the 60’s the velvets primary thought of their songs as a static picture, frozen in time. This may sound paradoxal considering the delayed impact of their songs on contemporary music, but it seems to me that the strenght of this album is it’s honesty. Four young musicians playing together. Experimental music indeed, but sincere feelings.

Let’s get serious people. Picture yourself buying this record at the store in 1968. Once home you get your turntable on, and you suddenly find yourself turning down your speakers’ volume. « White light/white Light » title song and opening of the album, finally struck you. An outrageously disturbing amount of overdrive, a strong rock’n’roll riff, a guy nonchalantly speaking about the effect of amphetamines in the sun and a couple of back up vocals insanely singing the song’s title. This is a a classic rock’n’roll song turned into a bearly audible piece of art. Fading into an incoherent distorted hubbub, this song is a great frightening introduction, conditioning your ears to an all new level.

The second song of the album is titled « the gift ». Probably the less interesting song for my kind of music lovers, but for sure the guttiest one. A prose and an overdriven blues jam. One of those paradoxes you hate at first. But think about it, it’s just like making a joke about Platon right after a stupid filthy one, just as funny, but so unexpected it finally makes you brain wake up. Let’s quickly overview the musical part of the song : A three chords blues progression, powerful bass guitar, a binary drums part and an amazingly graceful distorded lead guitar. If you wanna fully enjoy the song you’ll eventualy have to listen to it at least twice with attention, and god knows 8 minutes seem like a long time at first. But Lou Reed’s college prose is indeed an interesting piece of writing, including simultaneous long poetic descriptions and neutral facts of everyday life. The story itself is about a tortured lover and his long distance girlfriend ironically ending on a stupid, almost deus ex machina, death.

Lighting 3rd cigarette

« Lady Godiva’s operation », third song of the album, firstly represents the return of Cale’s viola, predominant on the Velvet’s first album, and here setting a disturbing background. Along with an acid guitar part, the unstoppable binary drums and the powerful bass lines, the vocals are intentionally badly cut. Reed and Cale’s intersected voices represent the poorly work of surgeon turning a regular sex change operation into a lobotomy. Weird, huh ?

At this point i hope you understood this album isn’t about harmonies, melodies or any usual musical customs. It’s about telling a story. More about art and expression then money making sounds and polished castrated songs for easy listeners, but let’s move on already.

The fourth song « Here she comes now » is probably the popiest song on the album. Though the mix still arranges the instruments in a bizarre way, it’s short length and softly sexual mood creates a real break in the album. Without any overdrive or explicit lyrics, the song gently describes a dark sexual tension. Another paradox. But what’s interesting here is the way the band makes it natural to leave all the distortion and aggressiveness behind to talk about what could be the 2nd most sinful song writing of the 60’s (wait for « Sister ray »).

4th smoke and having a pineapple juice

« I Heard her call my name » is a song the Velvets called « unsatisfying ». I disagree. It’s told the song was a poor attempt at recording the studio version of a clearly made-for-live song, but let’s face it live recordings of the Velvets ARE crappy, and with such surrounding distortion this could never have been good for anyone unstoned outside that filthy New York ’68 downtown bar. Yes it’s made upon three chords, yes this is a dirty theory free improvisation and the lyrics are almost inaudible, but could rock’n’roll be more characterised? The stooges, first students of the Velvet Underground, put aside I’m still waiting for a proof.

On the original « White light/whit heat » LP, the first five songs were side one, and side two was entirely dedicated to « Sister ray », a filthy 17-minutes-long rock jam. As I previously mentioned the song is sinful. Reed sings, most likely talks, about a depraved sadomasochistic orgy. The pieces finally fit, characters (junkies and sexual deviants), story(temptation, submission and filth), distortion(an organ coupled with a distorted guitar amp), mix, everything turned into an apocalyptic rock’n’roll song. It’s told the sound engineer decided to walk out the room once the recording started. 17 minutes, my friend. 17 minutes, one take and not one single second of silence. An entire Vinyl side turned into the noisiest rock song ever recorded until 1968. I hope you have the courage to listen to that song entirely, ‘cause then you might get a glimpse a what can really be called « revolutionary », the first peek at Punk’s mentality and Metal’s sounds.

Well, it makes sense you know, freaks often have fathers, and sons.

« I’m stoned, on my way to get drunk, going to see my girlfriend and the only fuckin music i can listen to is that VU’s sister ray »


Flo