Vos yeux d’observateurs avertis de la scène rock actuelle se plissent déjà et vous vous interrogez sur le bien fondé de la présence de ce groupe à l’effectif aussi restreint qu’archi connu dans les colonnes de cet auguste blog.
Vous n’avez pas tout à fait tort quand au groupe,d'ailleurs nous ne reviendront pas sur les éternelles spéculation quand aux liens entre ses membres, mais alors, pourquoi cet album me direz-vous ?
Eh bien mes enfants, parceque sa découverte est le fruit d’une rencontre impromptue tout à fait personnelle et touchante comme seule la vie peut nous les réserver.
Je traînais il y a quelques années dans les rayonnages aseptisés d’un supermarché Cora du grand Est (le grand est hein, pas le 93, ni le 77, plutôt en Lorraine, par là).Je farfouillais distraitement dans un bac de CDs promo à 5 euros 99 quand s’offrit à ma vue le timide De Stijl.
Pauvre gosse idiot, n’ayant connu que le mirifique Elephant, je m’empressais de l’acheter, avec une impression d’archéologue, celle de gratter les fondations et les racines d’un de ses groupes préférés tout en bénissant ce chef de rayon Lorrain et invisible, stupide bouffon ou grand mélomane d’avoir mis cette chose entre mes mains.
Ce fut un choc.
Comment ne pas trembler devant l’énorme minauderie rock and roll made in South ouvrant le deuxième album de ces Bandes Blanches « You're Pretty Good Looking (For A Girl) ».
Courte chanson de 1 minute 50 présente dans la BO de l’inoubliable farce teenage de Rob Schneider « The Hot Chick ».
« Hello Operator », ping pong de guitare rock country trainant et plaintif, comme écrasé par soleil mortel d’ennui, la partie d’harmonica à la fin du morceau ne trahit pas ce panorama de far West apocalyptique.
La mélancolie écrasée par la poussière a aussi toute sa place sur « Why Can't You Be Nicer To Me? » et sur «Sister, Do You Know My Name? » au bottle neck déchirant et à la cymbale solitaire.
Le tempo s’accroche parfois en mode farmer en colère comme sur « Let's Build A Home ».
« Jumble Jumble » fait tout bonnement penser à une bravade de Kinks issue du Midwest.
Le coté effrayant et un peu décalé des Stripes s’exprime sur « Death Letter » où Jack étale cruellement son amertume et la places des gens ingrats se repaissant de la place laissée béante dans son cœur par son amour perdu.
Ce vieux singer de Jack white se taille une belle part de voix-violon sur le bouleversant « Truth Doesn't Make A Noise » nous laissant apprécier sa tessiture vocale si particulière.
N’allez pas penser que cet album est un concentré de rock rapide pur et dur, car nos deux amis, pour ce deuxième album lorgnent encore vers le blues et la country, leur véritable background musical (n’oublions pas que notre ami Jack White est avant tout un grand auteur interprète de musique country, collaborant avec Dolly Parton et citant Porter Wagoner dans le texte).
Le blues épuré et déglingué est donc ressuscité de la manière la plus classique du monde sur « Little Bird », dans un monde où une amoureuse était encore considérée comme une belle fleur ou un bel oiseau dans les grands canons de la poésie rurale.
Ces textes naïfs se retrouvent sur la piste suivante nommée juste à point « Apple Blossom », le piano de saloon déglingué colle parfaitement à une image romantisme un peu passé, faisant penser aux Noces Funèbres de Tim Burton à l'univers proche de celui du duo.
Le violon mélancolique de « I'm Bound to Pack it Up » sert brillement les dernières confessions d’un éternel vagabond sur le départ, laissant derrière lui une autre belle éplorée.
Le regalad’ de fin « Your Southern Can Is Mine », un petit morceau country acoustique, guitare tambourin, chanté à deux voix avec sa comparse Meg White est tout bonnement délicieux, l’interview en genre Sun studio 1954 concluant ce morceau (et cet album) est un sympathique clin d’œil aux grands anciens.
La fin du fil rouge de ces bandes blanches qui auraient pu être noires.
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