mardi 26 août 2008

Van Halen, les Vandammes du rock

Bon c’est la fin de l’été, on prend fissa l’A6 direction Paris avec, comme compagnons d’infortune les Scénics familiaux immatriculés dans le 77 bondés qui prennent le chemin du retour ainsi que les mini bus Volkswagen bataves.
On regarde passer la route et le défilé des paysages dans les dernières volutes de langueurs rêveuses estivales.

Non, stop, merde, ce n’est pas fini, pas déjà, août n’est pas fini, l’été n’est pas mort, ressortez les tongs et le Ricard et buvons jusqu’à la lie les derniers rayons du soleil.
Sacrifions nous encore à l’ancien dieu Inca, pendant qu’il est encore temps ! Ce qui veut dire, vacances obligent, écoute de disques débiles et jubilatoires conseillée.

Youpi ! Je me rue directement sur Van Halen, groupe dégoulinant d’humour et de grosses guitares, dont les membres, en plus d’avoir un look hair métal stupéfiant (ouvrez la pochette du CD et jetez un coup d’œil) étaient des prodiges dans le champ de leurs instruments respectifs. Les frères Van Halen, Alex à la batterie (fûts transparents, doubles pédales, et le gong qui va avec) et Eddie à la guitare (l’inventeur du tapping à la stratocaster constellée de rayures multiculores), de vrais guerriers, fils d’un clarinettiste de classe mondiale (véridique), normal pour des gens nés à Nimègues vous savez, la ville du grand classique « Un pont trop loin ».
Les frangins épaulés par le fidèle et barbu bassiste Michael Anthony propulsent la grande blondasse sautillante à la langue bien pendue au chant,
David Lee Roth (sa dernière contribution sur album avant qu’il ne claque la porte du groupe).

Il faut dire que ce disque n’a jamais figuré sur aucune discographie idéale pour deux raisons :

La première est que la catégorie album de rock pour l’été n’existe pas, car, voyez vous mes amis, l’art que nous chérissons ne supporte pas l’humour (tort que Starshooter a payé en son temps tendis que Téléphone crevaient le plafond du sol français).

La seconde est que tout journaliste osant avouer au grand jour, sans ironie, qu’il aime véritablement Van Halen, il sera crucifié par le reste de la profession dans l’heure (du politiquement correct dans le rock, comme c’est étrange, il faut invariablement aimer Babyshambles et détester les Scorpions, voilà pourquoi selon mon avis le hip hop est, de ce côté, plus intéressant).

Trêve de lapidations inutiles, écoutons ce disque de l’été de préférence dans une voiture.
Autant le dire, 1984, la bande annonce éponyme est tout bonnement inutile, je vois personnellement dans ces longues pistes de synthé, un hommage au lancement du premier ordinateur Mac qui a eut lieu la même année, l’entrée dans un rock devenu futuriste.

Par contre, la deuxième piste, le méga succès « Jump » estampillé MTV, parvient à déplacer des montagnes avec des claviers entêtants.
Un titre au refrain péchu, repris dans des milliers de films et d’émissions TV, perso quand je l’écoute le matin dans le RER j’ai envie de sauter à pieds joins sur les strapontins et de faire la fête avec tout le monde comme un rocker des 80s jusqu’au fade de la fin du morceau servi, une fois n’est pas coutume par une guitare sobre (à part durant le solo bien évidemment).
La piste n°3 est « Panama », une chanson osée quand les troupes américaines foulaient alors le sol de ce petit pays d’Amérique centrale.
Les alternances tempo lent/accéléré déroutent l’auditeur et le font exploser dans un feu d’artifice chatoyant.
« Top Jimmy » à l’intro mystérieuse et délicate comte les aventure de Jimmy, le garçon qui fait craquer les filles (on en connaît tous un), les couplets chantés en chorus avec gourmandise vous forcent encore à vous déhancher et le solo de Eddie vous enterre sous des tonnes de treeble acide avant d’avoir droit d’entendre les filles que Jimmy se lève.
La chanson d’après « Drop Dead Legs » vous force à ralentir le tempo et à déguster avec attention chaque circonvolution du groupe. Reservé aux fans absolus.

Par contre, la chanson suivante « Hot For Teacher » est du grand art, rien que l’intro de la batterie imitant le pot d’échappement d’une Harley Davidson rutilante vaut le coup.
L’illustration sonore et la gouaille de Lee Roth font merveille pour illustrer le vieux fantasme du cancre, qui est tout simplement de se farcir la prof la plus sexy du lycée et d’aller prendre quelques cours particuliers supplémentaires très spéciaux après la sortie des cours.
Le clip est aussi lui aussi un petit bijou de drôlerie décadente à gros budget où Lee Roth en chauffeur de bus scolaire fait merveille.
La chanson d'après aurait pu figurer sur une B.O de Rocky, « I’ll Wait » faite entièrement d’interrogations sentimentalo amoureuses typiquement américaines et de claviers futuristes.
« Girl Gone Bad » avant d’être une série de films pour adultes produits par Snoop Dog était une chanson de Van Halen, libérant comme d’habitude des cascades de reverb et des motifs mélodiques très complexes, malheureusement noyés par trop de tics de bon techniciens et une production trop alambiquée et très datée.
Pour un dernier tour de piste, le groupe piétine sans vergogne le territoire métal avec une mélodie et une attaque de guitare qui rappelle Iron Maidden ou encore Slayer.

D’autres groupes qui ont marqué leur époque, le plus de Van Halen étant ici la guitare aérienne d’un Eddie Van Halen toujours inspiré.

Maintenant ils se sont reformés pour une gigantesque tournée mondiale, avec le fils de Eddie à la basse et un David Lee Roth qui semble avoir oublié les rancoeurs du passé.

En définitive, Van Halen n’est pas seulement un groupe de métal pour gays (comme certains de mes amis le disent), mais une sacré bande de talents réunis, malheureusement enfermés dans leur style, et pire, leur époque.
Prisonniers d’une tour d’ivoire qu’ils ont, à leur insu contribué à créer en enregistrant dans les excès de leur home studio et se bouffant le nez entre eux à chaque innovation amenée.
Erreurs qui les ont chassé du panthéon du rock après un succès énorme, mais qui ne les chasseront sûrement pas de votre platine de l’été, fin d’août ou pas.

P.S : Je m’excuse pour cette longue absence de vacances, je vous raconterais peut être des petits bouts si ce n’est pas trop cul – cul ou tout simplement inintéressant.